29 novembre 2006

Un pont entre deux mondes

Parfois l'art devient une performance physique. Et vice-versa. Hier soir, Vincent de Lavenère en a donné une représentation pratique avec "Paï Saï", un spectacle de jonglerie hors normes, présenté dans le cadre du Projet intercommunal de cirque.
Il est seul en scène pendant près d'une heure. Durant tout le spectacle, il ne prononce pas un mot. Mais le public est sous le charme de cet athlète aux gestes souples et déliés, de ce jongleur qui nous fait naviguer d'un univers à l'autre, en l'occurrence du Béarn au Nord Laos. Le passage du monde des bergers aux limites de l'Empire du Milieu se fait naturellement, de la transhumance à un rituel de combat; Vincent de Lavenère fait de la scène de l'Escapade un lieu de voyage immobile (pour les spectateurs). Les sons des deux continents s'enchevêtrent, se succèdent et se répondent de façon harmonieuse. Tout compte fait, sommes-nous si différents que cela malgré des milliers de kilomètres d'écart? Avec "Paï Saï", Vincent de Lavenère et la compagnie Chant de Balles se garde bien de donner une réponse.

Mais le one-man-show muet du jongleur prouve que, parfois, les mots ne sont pas utiles pour connaitre et comprendre l'autre. Quelques objets usuels , un corps (sombre) qui se meut dans l'espace (blanc) et la magie opère. Dans son numéro final, Vincent de Lavenère transforme ses balles de jongleur en un véritable feu d'artifice. Dans un crescendo continu, le nombre de balles augmente à chaque salve et l'artiste achève son tour avec huit balles dont plusieurs finissent leur trajectoire sur le sol et non dans les mains du lanceur. Véritable maladresse ou manoeuvre délibérée? Alors que le spectacle semble fini, Vincent de Lavenère prend la parole, à la surprise du public : "La jonglerie, c'est comme une balade en montagne. Soit on s'arrête avant, soit on y va. Alors, on s'arrête ou on y va?" Les huit balles repartent dans les airs et après plusieurs élégantes arabesques atterrissent toutes dans les mains du jongleur. Laotien, Béarnais ou Chti, peu importe, son défi à la pesanteur emporte l'adhésion des spectateurs. La performance a aboli les barrières et les frontières mais aussi fait découvrir des cultures différentes. C'est beau le cirque.

28 novembre 2006

Daniel Prévost : spectacle reporté

Pour des raisons indépendantes de notre volonté, le one-man-show de Daniel Prévost initialement prévu le vendredi 8 décembre à 20h30 est reporté à une date ultérieure, qui n'est pas encore déterminée. Pour tout renseignement ou pour un éventuel remboursement de places déjà achetées pour ce spectacle, rendez vous à la billetterie de l'Escapade, 263 rue de l'Abbaye à Hénin-Beaumont.
Celle-ci est ouverte les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 14h45 à 18h45; le mercredi de 9h à 12h et de 14h à 19h; le samedi de 14h à 17h.

Un conte renversant

Mike Kenny n'en revient toujours pas. Depuis qu'il s'est mis à écrire des pièces de théâtre - essentiellement destinées au jeune public, cet auteur britannique est devenu une référence en la matière. Dès lors, pas étonnant que le Théâtre de l'Embellie se soit emparé de "l'Enfant perdue" pour la présenter au public de la région.
Le récit développé par Mike Kenny est initiatique, facétieux, édifiant, nourri de merveilleux. Un voyageur raconte l'histoire d'un père qui cherchant sa fille perdue, se fait aider d’un oiseau, d’une grenouille, d’une taupe qui lui confient leurs petits afin de chercher l’enfant dans les airs, l’eau et la terre… Sous le regard du plus vieil arbre de la forêt, l’homme, prenant soin de ces petits, apprend à devenir père. Un conte inversé où ce n’est plus l‘enfant qui doit grandir mais l’adulte, au contact des éléments, au rythme des saisons. C’est l’homme qui doit abandonner ses certitudes, vaincre son amour-propre, surmonter ses peurs pour accéder à la paternité.
*"l'Enfant perdue", mercredi 29 à 15h, jeudi 30 et vendredi 1er décembre à 10h et 15h. Tarifs : 8 € (plein), 5 € (réduit).

Un aller-retour linguistique

D'une curiosité linguistique, Vincent de Lavenère a tiré un spectacle qui mérite le détour et sera joué ce soir à l'Escapade. Intitulé "Paï Saï", cette jonglerie musicale mêle habilement les rites du Nord Laos et les traditions des rudes béarnais. Ce drôle de mélange découle du titre qui signifie "Où vas-tu?" en laotien tandis que "Saï" veut dire "Viens" en béarnais. Manifestement, comme les idées, les langues voyagent et font voyager l'imaginaire des artistes. C'est à découvrir sur la scène de l'Escapade.

*"Paï Saï", ce soir à partir de 20h30. Tarifs : 8 € (plein), 3€ (réduit)

26 novembre 2006

Ionesco sonne toujours deux fois

Ionesco, kézako? Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de ce dramaturge hors normes, la compagnie BVZK remet deux de ses textes au devant de la scène. La première salve a eu lieu samedi à la Médiathèque d'Hénin-Beaumont avec une lecture de "la Cantatrice chauve".

"C'est pas juste", comme dirait Calimero. Ionesco aurait dû naître en Angleterre. C'est quand même le seul pays où l'on joue au billard sur un terrain de football (ils appellent ça le cricket). L'absurde, ils connaissent. De Lewis Caroll (et son Alice sous acide) aux Monthy Python, le "nonsense" est partie intégrante de leur culture. Dès lors, rien d'étonnant à ce que Ionesco se soit inspiré de la méthode Assimil "l'anglais sans peine " pour écrire les dialogues décalés de "la Cantatrice chauve". Décalée, cette lecture l'aura été de bout en bout. Des comédiens installés derrière leurs lutrins au public partagé entre l'hilarité et la circonspection; d'une bibliothèque transformée en théâtre à la "voix off" installée sur le côté des récitants et du public au voisinage des BD d'Achille Talon posées en pile sur un coin de bureau, la compagnie BVZK se sera fait un plaisir d'amener le texte d'Ionesco sur des terres peu défrichées.
Pendant que la troupe de BVZK jouait la pièce maitresse du roi de l'absurde, "comme c'est curieux, comme c'est bizarre", au fond de la salle un étudiant imperturbable poursuivait ses recherches. Pourtant, de temps à autre, son regard quittait les livres pour s'attarder sur le sextet de comédiens relevant le défi d'un texte que tout le monde croit connaître (Ça, ça reste à voir...). La lueur qui illuminait son regard durant ces moments de distraction rejoignait celle des spectateurs, joyeusement surpris de ce coup de pied aux fesses d'idées reçues sur la littérature et le théâtre. Ça va se bousculer au portillon pour les représentations de "la Leçon" du même Ionesco, les 12 et 14 décembre prochains. Pas de panique, les places sont toujours en vente.
*La leçon, d'Eugène Ionesco; mardi 12 et jeudi 14 décembre à 15 h (scolaires) et 20h30 (tout public). Tarifs séances tout public : 8 € (plein) et 5 € (réduit)

Embarquement pour Cythère

Vendredi soir, dans la salle de danse de l'Escapade, l'ambiance était loin des jetés et autres entrechats. Lumières douces et chaudes, notes suaves égrenées sur un Fender Rhodes, l'instant allait être marqué par la sensualité.Saverio Maligno et les gens de la Compagnie avaient bien fait les choses pour cette lecture-spectacle intitulée "Effeuillages d'hiver". Le décor était posé, il suffisait de se laisser emporter par les mots. D'une compilation de textes provenant d'Henri Gougaud, de Boccace ou de John Mitone, la Compagnie avait tissé une rencontre entre deux ex-futurs (?) amants discrètement accompagnés d'un domestique/musicien tendance sado-maso. Tendres ou crus, émouvants ou amusants, les textes choisis démontraient que si "la chair est triste", selon Mallarmé, les mots pour la décrire sont le reflet de l'imagination, infini. Ce voyage dans la sensualité a conquis un auditoire qui, pendant plus d'une heure, aura été surpris, ému ou amusé par la suite de petits tableaux qui jalonnent la route menant du désir au plaisir.

24 novembre 2006

Ils savent tout faire!

Le studio de répétition et d'enregistrement de l'Escapade est régulièrement utilisé par les groupes locaux pour peaufiner leurs maquettes. Hier, ce n'est pas un futur postulant à la Star Ac qui travaillait ses vocalises. Pascal Beclin, responsable du secteur Musique de l'Escapade était en train d'enregistrer un spot de pub radio pour annoncer le festival UnisSon qui se déroulera du 13 au 17 décembre dans des cafés d'Hénin-Beaumont (le Bar Rock, la Belle Anglaise, le Bistrot, le Yearling) et à l'Escapade. Organisé au profit des Restos du coeur, ce festival présentera une belle brochette de groupes régionaux. Les rockers ont du coeur, venez les aider.
*Les spots radio passeront sur la fréquence locale d'Europe 2 (90,1) à partir de lundi. Tendez l'oreille!

Ce soir, on effeuille...

Hier après-midi, Saverio Maligno (notre photo) et l'équipe de la Compagnie ont mis la dernière main à l'installation scénique d'Effeuillages d'hiver. Ce "live-performance", une lecture musicale de textes flirtant avec l'érotisme prendra son envol à partir de 20h30 dans la petite salle de l'Escapade. Attention, le nombre de places est limité.
* Live performance "Effeuillages d'hiver", vendredi 24 à 20h30, petite salle de l'Escapade. Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit). Déconseillé aux moins de 18 ans.

23 novembre 2006

Déshabillez moi... Dans l'absurde

Chaud devant. Vendredi et samedi, l'Escapade va explorer de nouveaux horizons théâtraux avec la Compagnie et BVZK. Un spectacle flirtant avec l'érotisme et un grand classique sont au programme. Vive le choc des cultures.

Suggérer sans rien montrer, telle pourrait être une définition lapidaire de l'érotisme. La dimension poétique, artistique de l'érotisme existe. Mais dans notre monde d'image, cet univers léger a été purement et simplement occulté. Avec "Effeuillages d'hiver", la Compagnie remet en lumière des textes d'Anaïs Nin, Boccace ou des Contes des mille et une nuits délicieusement érotiques. L'équipe de Saverio Maligno prend le parti de titiller les sens, d'exacerber les émotions, de faire partager une intimité. De quoi se réchauffer dans cette période pré-hivernale.
* Live performance "Effeuillages d'hiver", vendredi 24 à 20h30, petite salle de l'Escapade. Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit). Déconseillé aux moins de 18 ans.


Samedi après-midi, place à l'absurde. Mais pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du chef-d'oeuvre du genre. La compagnie BVZK vous convie à une lecture-spectacle de "la Cantatrice chauve", la première pièce d'Eugène Ionesco qui est toujours à l'affiche d'un théâtre parisien depuis 1957. Un record de longévité difficilement explicable, tant l'atmosphère développée par l'académicien est totalement baroque. Voilà une belle occasion de voir le monde d'un autre oeil.
*Lecture-spectacle "la Cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco, samedi 25 à 16h. Entrée gratuite, places à retirer à la Médiathèque, 245 rue de l'Abbaye.

22 novembre 2006

Retour vers le futur?

Hier soir à la maison de quartier Darcy, la lecture-spectacle sur le Front populaire et les évènements de 1936 a fait le plein. Les chansons de l'époque n'ont pas empêché le débat et la sensation que "l'histoire est un éternel recommencement".
Crise, chômage, guerre. Une litanie trop connue dans les journaux télévisés. Mais, hier soir à la maison de quartier Darcy, il n'était nullement question d'actualité. Florence Bissiaux et Jean-Maximilien Sobocinski de la compagnie "Sens ascensionnels" venaient de débuter leur lecture-spectacle par un rappel de la situation politique, sociale et économique de 1934 à 1936. Des comités de chômeurs aux Croix de Feu, du 6 février 1934 (émeute menée par l'extrême-droite qui fit 16 morts et près de 2000 blessés) au 7 juin 1936 (accords de Matignon); c'est tout un pan de l'histoire contemporaine qui reprend vie par la force du texte. "C'était comme une féérie", "Quel bonheur c'était"; les témoignages heureux des travailleurs en feraient presque oublier l'âpreté des quelque 12000 grèves qui paralyseront le pays pendant près d'un mois. Mais la lutte ne sera pas vaine : "Pour moi", dit un ouvrier de l'industrie aéronautique, "1936 aura été une année heureuse. J'ai été embauché à 4,40F de l'heure. Avec la grève, je suis passé à 7,20F de l'heure. On pouvait manger du gigot tous les jours! Et l'usine n'a pas fait faillite".

Mais surtout "36", ce sont les congés payés. Une mesure qui n'était pas prévue dans le programme du Front populaire. La rue en décidera autrement et Léon Blum l'instaurera. 70 ans plus tard, on reprend conscience à travers les témoignages du bouleversement des moeurs que cela a représenté. "On découvrait le confort de s'ennuyer un peu", se souvient une ouvrière tandis qu'une autre voulait "aller jusqu'à Vladivostok ou à Vierzon".
Cette évocation vivante de la vie de nos grand-parents s'est achevée en chansons de l'époque (Quand on se promène au bord de l'eau, c'est un mauvais garçon, le chapeau de Zozo) interprétées par Michel Godefroid et l'école de musique. Rien de tel pour se mettre en jambes pour un débat mené le directeur de l'Escapade, David Verkempink et qui sera surtout l'occasion pour les plus âgés des participants de rappeler que la vie n'était pas toujours rose dans les corons mais que la solidarité n'était pas un vain mot. En est-il de même en 2006? La question posée par David Verkempink recueillera un silence poli. Mais peut-être qu'en 1936, le rêve faisait partie de la vie des travailleurs. Le slogan du Front populaire : "Pour le pain, la paix, la liberté", ça vous donne pas envie de rêver à des lendemains qui chantent?
*Une nouvelle lecture-spectacle aura lieu demain à 20h à la maison de quartier Kennedy - allée Kennedy, rue de Conchali. Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit).

21 novembre 2006

36, pas mort?

En 1936, l'Europe voyait des nuées de plus en plus sombres s'accumuler au-dessus d'elle. Pourtant, la possibilité d'une vie meilleure allait prendre corps, en France, durant le printemps et l'été. Ce soir à partir de 20h, cette période trouble et pleine d'espérance va reprendre vie à la maison de quartier Darcy grâce à la compagnie "Sens ascensionnels".

Le départ des premières colonies de vacances parisiennes pour le Cantal.

7 juin 1936, les accords de Matignon sont signés par la CGT et le patronat. La révolution tranquille mis en place par le Front populaire après sa victoire aux élections législatives du 3 mai devient réalité pour des millions de travailleurs et leurs familles. Par la grâce de quelques signatures au bas d'un document, la semaine de travail passe de 48 à 40 heures et les congés payés sont instaurés. Cette effervescence sociale s'accompagne d'une explosion culturelle sans pareil. Des grands noms de la photo (Robert Capa, Willy Ronis, Robert Doisneau) font leurs premières armes avec les grands moments de l'histoire qui se déroule sous leurs yeux. Le cinéma n'est pas en reste, Julien Duvivier ou Jean Renoir participent à l'élan populaire. La chanson est aussi de la fête avec Ray Ventura et ses collégiens, Rina Ketty ou encore Jean Sablon. Pour autant, l'insouciance et la légèreté de cet été historique ne pouvaient effacer l'inquiétude que suscitaient la guerre d'Espagne ou le nazisme triomphant de l'autre côté du Rhin.
Dans le cadre du "projet 36", l'Escapade et la ville d'Hénin-Beaumont présentent une lecture-spectacle mise en scène par la compagnie "Sens ascensionnels". Une façon différente de vivre ce moment marquant de l'histoire qui sera suivi d'un intermède musical et d'un débat.
*Lecture-spectacle sur le Front populaire, ce soir à partir de 20h à la maison de quartier Darcy - rue Louise Michel. Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit).
Pour les absents, une "séance de rattrapage" aura lieu jeudi 23 à 20h à la maison de quartier Kennedy - allée Kennedy, rue de Conchali.
Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit).

19 novembre 2006

Des toiles pour des maux (et des mots)


Samedi soir, Yannick Duriez (alias Matwo), Maxime Merchez et Eric Leclercq sont venus à l'Escapade pour assiter à la dernière représentation de "Bashir Lazhar". Rencontre avec trois spectateurs pas comme les autres.
Maxime Merchez

Yannick Duriez (alias Matwo)

Au sous-sol de l'Escapade, neuf toiles ornent les murs de la grande salle. Neuf toiles aux couleurs dures, aux traits acérés; âpres et violentes. Le résultat du travail de Maxime Merchez, Yannick Duriez et Eric Leclercq qui leur avait été commandé par la Compagnie lors de la création de la pièce. Cette démarche inhabituelle fait partie d'une conception globale d'une pièce qui fait réfléchir. Les oeuvres des trois graffeurs viennent s'ajouter au reportage photographique réalisé par Patrick Devresse.Eric Leclercq

Si pour le photographe, les choses étaient relativement simples puisqu'il donnait sa vision de la pièce, pour les graffeurs il n'en a pas été de même. "Lorsque nous avons été contacté par la Compagnie", explique Yannick Duriez, "ils nous ont proposé huit thèmes de travail dont la colère, l'attentat, la violence, la schizophrénie... Avec un script qui nous donnait les grandes lignes de la pièce, nous sommes partis à l'aventure".
Yannick, Maxime et Eric délivrent des oeuvres fortes, dérangeantes. La violence est omniprésente dans les neuf toiles, tant il est vrai que "Bashir Lazhar" est une pièce montrant sans fard la dureté de la société.
Samedi soir, nos trois gaffeurs on été emballé par la représentation et le jeu de Saverio Maligno. Mais leur regard sur les toiles a changé. "Tout compte fait, j'aurais préféré voir la pièce avant", souligne Yannick - un avis partagé par ses deux collègues. "Je pense qu'on aurait mieux capté l'essence du texte". Et Maxime d'ajouter : "Moi, j'aurais été beaucoup plus sensible à l'ambiance qui se dégage de la mise en scène. Et j'aurais travaillé différemment".
Malgré ses regrets, les toiles n'ont rien perdu de leur force et de leur pertinence. C'est peut-être ça, la marque d'une vraie sensibilité artistique.

17 novembre 2006

L'homme de l'ombre

Lorsque l'on croise David Gauchard, le metteur en scène de "Bashir Lazhar", au sortir d'une représentation pour les lycéens il n'est pas facile de le reconnaître au premier coup d'oeil. Car le vers du Cid "Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées La valeur n'attend point le nombre des années" lui va comme un gant. Rencontre avec l'homme derrière le miroir.
Heureux. Si ses mots ne le disent pas vraiment (excès de pudeur ou de modestie, peut-être), son regard et son sourire parlent pour lui. L'accueil de "Bashir Lazhar" par les collégiens et lycéens de l'arrondissement font de David Gauchard un homme heureux. Petit mais athlétique, un sourire enjôleur qui fait chavirer la gent féminine, ce jeune metteur en scène pourrait passer pour une belle gravure de mode. Mais l'habit ne fait pas le moine. David Gauchard est une fondu de théâtre, de musique et de vidéo. Et rien ne lui plait tant que de pouvoir mélanger le tout. Si ce n'est pas le cas pour "Bashir Lazhar", la vidéo étant absente de la pièce, le découpage à coup de séquences courtes fait irrésistiblement penser à un clip. "C'est vrai, mais je crois aussi que c'est dans l'écriture d'Evelyne de la Chenelière. Personnellement, j'aime ce genre de rythme". Pour David, cette approche n'est pas une nouveauté : "J'avais déjà travaillé de cette façon là sur une pièce de Fassbinder. C'est très contrasté comme la lumière. Ça vient peut-être de ma pratique de vidéaste amateur où je m'amuse à modifier le contraste des images".
Cette mise en scène nerveuse et rythmée a une qualité indéniable : "La succession de petits tableaux", explique David Gauchard, "permet à ceux que j'appelle "les intermittents", ceux qui ne suivent pas l'histoire de bout en bout, de ne jamais être largués". Mais la musique et la lumière sont suffisamment travaillés pour retenir l'attention. Une idée qui vient de Shakespeare : "Dans son théâtre, les maître-mots sont l'oreille et l'oeil". Et là, David sait de quoi il parle pour avoir signer une adaptation moderne et sidérante d'Hamlet. La querelle des anciens et des modernes? Connaît pas. "Shakespeare est moderne, ça dépend de la traduction. Pour Hamlet, j'avais travaillé avec André Markowicz qui a eu un Molière avec Françoise Morvan pour Platonov, d'Anton Tchékov".
Au rythme des rencontres
La découverte et la mise en scène de Bashir Lazhar est un histoire de rencontres. "J'ai connu le texte d'Evelyne de la Chenelière lors des Francophonies en Limousin. C'est un festival théâtral qui a pour particularité d'avoir un prix (le prix Sony Labou Tansi, un auteur africain) décerné par des lycéens". Une fois des extraits du texte lu aux lycéens, ceux-ci se glissent dans la peau de comédiens pour les interpréter. Si "Bashir Lazhar" n'a pas remporter le prix, David a eu un coup de foudre pour le texte : "L'histoire me plaisait et j'ai remarqué que les élèves étaient très réceptifs". Quelques temps après, David part au Canada pour rencontrer l'auteur. "Je m'attendais à trouver une mère de famille entre deux âges. Je suis tombé sur une jeune trentenaire qui avait été prof et avait évolué vers la dramaturgie. Elle savait donc de quoi elle parlait quand elle a couché l'histoire de Bashir Lazhar sur le papier".
La troisième rencontre qui va sceller le destin de la pièce a lieu à Bruxelles. "J'étais parti là-bas pour travailler sur un nouveau spectacle", se souvient David Gauchard. "Etant près du Nord, j'ai appelé Saverio Maligno que j'avais connu lors d'un stage à Brive. J'avais la certitude que Bashir était pour lui. C'est un petit-fils d'immigrés et bien que je ne sois pas de la région, je sens ce qui se passe ici". Très vite, les deux hommes tombent d'accord pour monter la pièce. Et la création réservera quelques bonnes surprises. "Initialement, la présence d'un musicien sur scène n'était pas prévue (voir post du 9 novembre). Mais les interventions de Samuel collaient tellement au propos que son rôle s'est imposé naturellement. Et puis honnêtement, je ne me voyais pas faire un spectacle électro. "Bashir" ne se prête pas à ce genre d'am
biance".
A Hénin-Beaumont depuis le début de la semaine, David Gauchard ne tarit pas d'éloges à l'égard de la Compagnie. "On les sent très investis sur le terrain politique - au sens noble du terme - et sur le territoire. Ça m'a touché. Et puis, durant la création il y a eu un véritable échange. Je suis un metteur en scène invité. J'ai amené ma vision des choses tout en essayant d'être juste et de respecter la charte de la Compagnie".
Le pari est, semble-t-il, gagné au vu des remerciements des collégiens et lycéens qui ont eu l'occasion de découvrir la pièce durant toute la semaine. Demain, ce sera la séance tout public où l'on pourra aussi voir les photos de Patrick Devresse fait lors des répétitions et des oeuvres de graffeurs. Ça risque donc de se marcher sur les pieds, demain soir à l'issue de la représentation, dans le hall de l'Escapade.
*Bashir Lazhar, samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)
Retrouvez la Compagnie sur le web : www.lacompagnie.info

15 novembre 2006

Une lecture à ne pas rater

Depuis 1957, tous les soirs à 19h, le théâtre de la Huchette à Paris présente "la Cantatrice chauve", la première oeuvre d'Eugène Ionesco. Difficile d'expliquer la longévité d'une pièce présentée comme un summum de l'absurde. Et encore plus difficile de la résumer. Car le point de départ n'est autre que la célèbre méthode Assimil (l'anglais sans peine) revue et corrigée par le futur académicien. A travers la rencontre des Smith, des Martin et du capitaine des pompiers, Ionesco fait basculer les dialogues dans l'absurde pour mieux "grossir les ficelles de l'illusion théâtrale.
Samedi 25 novembre à 16h, la compagnie BVZK s'attaquera à ce monument théâtral (et par la face Nord, s'il vous plaît). Ce sera l'occasion de mieux comprendre un auteur célèbre mais pas forcément connu.
*Renseignements à l'Escapade : 03 21 20 06 48

Paroles de lycéens

Si le public devra attendre samedi pour découvrir Bashir Lazhar, les collégiens et lycéens de l'arrondissement ont déjà pu prendre connaissance du texte d'Evelyne de la Rochelière (Editions théâtrales) et de l'interprétation faite par la Compagnie. Hier, des élèves des lycées Senez d'Hénin-Beaumont et Joliot-Curie d'Oignies ont assisté à une représentation. Le débat qui a suivi entre lycéens, comédiens et metteur en scène a été riche et ... instructif.

C'est comme dans tout débat public. Au début, personne n'ose parler. Saverio Maligno, l'interprète de Bashir Lazhar, à beau lancer le classique : "Y-a-t'il une question?", le silence lui répond. David Gauchard, le metteur en scène, tente alors sa chance : "Vous avez compris l'histoire?". Les questions des lycéens lui permettent d'expliquer le parcours de cet immigré qui tente de survivre normalement dans une atmosphère dramatique (voir post du 9 novembre). Pour un élève, les choses sont simples : "Il s'est incrusté. La prof qu'il remplace, Martine Lachance, elle a pas eu de chance...".
Une autre lycéenne interpelle Samuel Dewasmes, le guitariste qui accompagne Saverio Maligno sur scène : "La guitare, que dit-elle?". Un élève devance Samuel : "Elle exprime les sentiments de Bashir". "C'est tout à fait ça", ajoute le musicien. "Saverio et moi jouons le même personnage, mais je ne suis que l'expression de ce qu'éprouve Bahsir". La lycéenne revient à la charge : "Pourquoi on entend pas la directrice?". Avec un sourire malicieux , Samuel lui rétorque : "Tu ne l'as pas entendu dans ta tête?".
Après quelques considérations sur le théâtre, un élève revient sur la pièce et plus particulièrement sur la seule phrase en arabe et sa signification. "J'ai remarqué que vous avez beaucoup ri de cette phrase", souligne Saverio. "C'est drôle de rire d'une phrase qui signifie : je n'attends plus rien de la vie. Peut-être que mon accent arabe n'est pas très bon".
Le mot de la fin reviendra à David Gauchard qui répondra à une question par une autre question. "Ce serait quoi la suite? Si vous le voulez, écrivez-la et envoyez-la à l'auteur, Evelyne de la Chenelière. La pièce va être créer à Montréal en début d'année prochaine".
Bashir Lazhar, une suite héninoise? Les paris sont ouverts.
*Bashir Lazhar, samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)
Retrouvez la Compagnie sur le web : www.lacompagnie.info

13 novembre 2006

Question de sous

Vous êtes content, un patron de café vous a contacté pour faire un concert rémunéré. Pour votre groupe, c'est une bonne chose, ça va mettre du beurre dans les épinards. Au fait, qui va payer la Sacem, la TVA et la taxe parafiscale? Pour tout savoir sur la question, l'Escapade organise avec "Toutes taxes comprises" et Domaines musiques une "rencontre avec les pros". Ça se passera mercredi 15 à 18h30, à l'Escapade - 263, rue de l'Abbaye à Hénin-Beaumont.

Ami, entends-tu?

"Bin, in n'est pas rindu, mi j'vous le dis". Manu, une silhouette blafarde et désincarnée lance cette forte sentence en aidant Janine à regagner son café. Le ton est donné, "les Gueules noires" ont fait basculer, dimanche, les spectateurs de l'Escapade dans un univers si proche et si lointain.
Patron, tenancière d'estaminet, syndicaliste, curé, tout ce petit monde a fait partie du quotidien des mineurs au fil des générations successives. La compagnie la Briganderie leur a rendu vie sur la scène de l'Escapade. En fait, parler de la scène est un peu réducteur. Car les spectateurs ont été mis à contribution. Normal, c'est un bistrot qui est le point central de la pièce. Il suffit juste de repousser les murs et d'agrandir le café. Ce que les comédiens ne se sont pas gênés de faire. Et le curé de distribuer hosties et récompenses dans les rangs de spectateurs surpris et hilares, ou Janine de faire servir bière et autre boisson aussitôt ingurgitées par Albert, le pilier de comptoir.
Entre une parodie de messe, la lecture d'un texte (surréaliste et hallucinant) sur les ouvriers vue par la bourgeoisie en 1910, ou un combat de coqs "cartoonesque"; Janine, Manu, Jojo (l'amoureux de Janine), Shaquespire (une gueule cassée à la folie pleine de pertinence) et tous les autres personnages ont fait reprendre des airs indémodables (lampiste, eun goutt d'jus...) par une assistance ravie.
La nostalgie habituellement invoquée dans ce genre de spectacle n'a pas cours chez "les Gueules noires". On préfère mesurer l'évolution des choses en constatant et contestant vigoureusement la recherche effrénée du profit et finir sur la très belle chanson de Léo Ferré "l'âge d'or" (... Et, le plus souvent, Lundi sera dimanche. Mais notre âge alors Sera l'âge d'or). Après, il est toujours temps de se restaurer et de refaire le monde en partageant une soupe à l'oignon. C'est beau, un dimanche à l'Escapade.

10 novembre 2006

Un dimanche au café de la Janine...


C'est une invitation qui ne se refuse pas. Dans cette salle de bistrot qui prendra place, dimanche après-midi, sur la scène de l'Escapade, on va retrouver l'ambiance chaleureuse et parfois rugueuse voire revendicative des cafés qui étaient à deux pas des carreaux de fosse. La compagnie la Briganderie s'est plongée dans le passé de notre région pour en extraire "les gueules noires", un cabaret musical intelligent, drôlatique mais pas nostalgique.
Dans cette période de célébration du 70e anniversaire du Front populaire, la Briganderie bat en brèche bien des idées reçues sur une certaine vision de la classe ouvrière et de ses luttes pour des lendemains qui chantent. Mais ici, pas question de dissertations philosophiques. L'humour et les chansons nous font vivre l'histoire de façon jouissive. Du bistrot au combat de coqs, on découvre la vie de ceux qui ont été les "aristocrates" de la classe ouvrière. Et qui étaient si fiers de ce difficile métier. Alors, plutôt que de passer un dimanche après-midi devant la télé, pourquoi ne pas venir au bistrot, chez Janine?
*Les Gueules noires. Dimanche 12 novembre à 16h. Tarifs : 8€ (plein) et 5€ (réduit).
Vous pouvez gagner des places pour ce spectacle avec la Voix du Nord. Rendez vous à l'agence du journal, place de la République à Hénin avec l'édition du jeudi 9 novembre (Lens-Hénin). Les deux premières personnes se verront remettre chacune deux places. Bonne chance.

09 novembre 2006

C'est l'histoire d'un mec...


"Bonjour. Je m'appelle Bashir Lazhar et je remplace madame Martine Lachance". Ces quelques mots ouvrent "Bashir Lazar", une oeuvre propice à la réflexion tous azimuts sur notre société. Rencontre avec les deux protagonistes qui donnent vie au texte sur scène, Saverio Maligno et Samuel Dewasmes.
L'élégance sobre de leurs costumes sombres leur permet de mieux se fondre dans le décor dépouillé de la scène mais aussi de ne plus être que des silhouettes dans la lumière crue et dure des spots. Des ombres impersonnelles qui soulignent l'anonymat des personnages. Car Bashir Lazhar, le héros malgré lui du texte d'Evelyne de la Chenelière (Editions théâtrales), n'est qu'un professeur remplaçant qui débarque un beau matin dans une classe touchée par un drame. Il n'est qu'un pion dans un système, un immigré qui a aussi vécu un drame terrible. Son envie de bien faire ne résistera pas à une machine administrative au fonctionnement aveugle et nombriliste. Si l'on sort troublé de cette oeuvre, c'est un trouble salutaire qui suscite la réflexion. "Bashir Lazhar aborde de nombreux thèmes qui agitent notre société, indique Saverio Maligno - directeur de la Compagnie et comédien. La violence, le racisme, l'intégration, la place de l'individu dans une collectivité. Il y a de quoi faire travailler les neurones du public".
Comme un miroir
Pour Saverio, l'interprétation de Bashir est presque une évidence. "En fait, c'est David Gauchard, le metteur en scène qui avait lu le texte à Limoges. Nous nous connaissions et il a immédiatement pensé à moi. Peut-être parce que je suis petit-fils d'immigrés", note-t-il dans un sourire. Sur scène, cette ressemblance avec le héros permet à l'acteur de mieux se fondre dans le rôle. Dont les sentiments les plus intimes sont mis en "images" par la guitare de Samuel Dewasmes. "J'ai travaillé le côté lyrique de mes interventions pour mieux exprimer la sensibilité de Bashir. Mais j'interviens aussi en tant que personnage secondaire. Un personnage silencieux qui représente une collègue de Bashir avec laquelle il tente vainement d'établir une relation, ne serait-ce que de camaraderie".
Cette incompréhension du monde qui l'entoure est aussi un miroir que nous tend Bashir Lazhar. Et qui nous renvoie une image pas toujours reluisante. "C'est un regard acéré sur notre société", souligne Saverio Maligno qui a tenu à présenter cette oeuvre au public scolaire. "Nous ne les avons pas invité à venir voir la pièce de but en blanc. Pour l'instant, nous allons dans les classes des collèges et lycées pour leur présenter la pièce mais plus généralement pour discuter des thèmes qui sont au coeur de Bashir Lazhar. C'est surprenant, indique Saverio, mais les gamins sont très réceptifs. La société les infantilise, nous, nous sommes des électrons libres. Nous leur proposons une autre vision du monde". Ce message iconoclaste est soutenu par les établissements qui ont la volonté de faire découvrir l'univers du théâtre à leurs élèves. Un esprit d'ouverture qui est à l'opposé de celui de la hiérarchie de Bashir Lazhar; lorsque ce dernier demande, naïvement, au début de la pièce : "Mais pourquoi est-ce que j'ai besoin de courage?". Si vous voulez connaitre la réponse, venez à l'Escapade.
*Bashir Lazhar, mardi 14 et jeudi 16 novembre à 19h et samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)
Retrouvez la Compagnie sur le web : www.lacompagnie.info

08 novembre 2006

Ils vont brûler les planches...

Si en début de saison la musique s'est taillée la part du lion, le théâtre va revenir au devant de la scène pendant les semaines à venir.
Bashir Lazhar

Ça bosse dur du côté de la création théâtrale. Dans la salle de spectacle, "La Compagnie" peaufine les derniers détails de "Bashir Lazhar", un texte d'Evelyne de la Chenelière (Editions théâtrales) mis en scène par David Gauchard (metteur en scène invité). Ce récit de la vie d'un enseignant remplaçant a beau se dérouler au Canada, le parallèle avec la situation hexagonale n'échappera à personne. C'est Saverio Maligno qui porte ce rôle difficile, la vie d'un homme broyée par un système. Le directeur de "La Compagnie" nous en dira plus dans les jours à venir.
*Bashir Lazhar, mardi 14 et jeudi 16 novembre à 19h et samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)

Dans le vestiaire, la compagnie "BVZK" travaille sur un classique d'Ionesco, "la leçon". Décidément, le monde de l'éducation semble très prisé par celui du théâtre. Ce huis-clos entre un professeur et sa jeune élève qui bascule dans la folie permet de découvrir (ou redécouvrir) l'univers baroque et barré de celui qui fut académicien mais aussi satrape du collège de pataphysique. Un peu de sérieux dans l'humour, ça ne peut pas faire de mal.
*La leçon, mardi 12 et jeudi 14 décembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)La leçon

05 novembre 2006

Jonaz/Hocus Pocus : l'énergie et l'élégance

L'Escapade, terre de contrastes. Après avoir accueilli jeudi Natasha St Pier à l'espace Mitterrand; l'équipe de l'Escapade a retrouvé ses murs, hier soir, pour recevoir une date hip-hop, avec Jonaz et Hocus Pocus.Hocus Pocus vous salue bien.

Pour ce qui est des contrastes, les amateurs auront été servis. Jonaz et Hocus Pocus représentent deux courants, quasiment opposés, de la planète rap/hip-hop. Sous des airs affables et un peu lunaires qui ne sont pas sans rappeler Hrundi V. Bakshi, l'anti-héros de la "Party" de Blake Edwards, Jonaz déboule sur scène pour servir un rap vigoureux et foutrement énergique à base de textes parfois surréalistes mais moins légers qu'il n'y paraît au premier abord. Il suffit d'écouter "Sauce verte" ou "1ère party" pour s'en convaincre. Malgré quelques grands moments de solitude (il n'est pas toujours facile d'être seul sur scène avec un ordinateur portable), Jonaz réussira à emporter l'adhésion du public... avec une recette de cuisine. Le bonhomme a de l'envergure et si les "petits cochons" de l'industrie du disque ne le mange pas, on peut lui prédire quelques beaux succès.Jonaz, c'est du rap. Energique et dégagé. Engagé et décalé. Rien que ça.

Après la pause, place aux Nantais d'Hocus Pocus qui débarquaient sur la scène de l'Escapade auréolés d'un contrat avec Universal. Le genre de petite chose qui permet d'aborder l'avenir de façon sereine. Y-a-t'il un rapport de cause à effet? Toujours est-il que les six musiciens (dont un dj) ont délivré un set bourré de swing, un véritable catalogue d'hommage aux grandes heures de la Motown ou de Stax. Le groove archi-présent, mis en scène par une superbe section rythmique appuyée par des claviers et une guitare inspirée, ont permis au chanteur et au dj de laisser libre cours à une créativité fertile. Et le mélange chant hip-hop, scratchs sur platines/batterie, basse, guitare, claviers s'est avéré plus que sympa à déguster. Ici pas de jeu de scène maniéré, de clichés du rappeur de base. Scéniquement, Hocus Pocus est à l'image de sa musique, élégant et subtil, chaleureux et chaloupé. Allez jeter une oreille sur leur dernier CD "73 touches" (référence à un instrument de légende, le piano Fender Rhodes). Il y manque juste la bonne humeur communicative que peut avoir le groupe face au public. Pour l'apprécier, il fallait être hier soir à l'Escapade. Au fait, et vous, où étiez-vous?




Du côté des coulisses.

03 novembre 2006

Chaleur septentrionale

Deux heures avant l'ouverture des portes de l'espace Mitterrand, ils étaient là. Près de deux cent fans de Natasha St Pier qui avaient décidé de braver le froid qui vient de faire une arrivée soudaine dans nos contrées.

Une petite troupe bien sage qui prenait son mal en patience en évoquant la star qu'ils venaient voir. Les portes ouvertes, pas de ruée comme dans les concerts de vedettes pour ados. Un public posé qui prend place dans le calme et manifeste son impatience, avant le début du show, par des applaudissements chaleureux mais un peu timides. Qu'importe, lorsque Natasha St Pier prend possession de la scène et remercie le nombreux public et l'organisation, elle a partie gagnée.



Pendant près de deux heures, elle va déroulé un répertoire assis sur ses tubes mais aussi sur son dernier CD "Longueurs d'ondes". Musicalement, on est dans la variété bien calibrée. Derrière la jeune canadienne, le backing band assure sans défaillir. De la mélodie douce et mélancolique aux riffs tranchants et acérés, ces musiciens expérimentés passent avec bonheur d'un genre à un autre. Natasha St Pier vient poser sa voix sur ces textures fabriquées par d'habiles artisans. Enfin, poser sa voix, c'est vite dit. Car la demoiselle a plutôt du coffre. Elle n'est pas une chanteuse québécoise pour rien. Quand il lui prend l'envie de faire dans la prouesse vocale, ça doit filer un sacré coup de blues aux apprentis de la Star Ac. Mais les quelque mille spectateurs présents n'étaient pas là pour jouer au jeu des différences. Ils étaient là pour partager un bon moment avec une chanteuse populaire. Dans le bon sens du terme.

Pendant ce temps-là, dans les coulisses...

02 novembre 2006

Lumières boréales

Tout à l'heure, quand Natasha St Pier investira la scène de l'espace Mitterrand, les techniciens et monteurs prendront un peu de repos.

Car la matinée et l'après-midi n'auront pas été une partie de plaisir avec l'installation des lumières et du son. Une fois ce travail de forçats effectué, il a fallu soigner les mille et un détails qui font une soirée réussie. Le tout dans une ambiance lumineuse si particulière... "There's no business like show business".