27 février 2007

Rencontre avec les pros : Tournez manège!

Dans la grande machine du showbiz, le tourneur fait partie, pour le grand public et les néophytes, de ces personnages à la fois obscurs et indispensables d'un concert. Pour aller au-delà des mythes et des rumeurs, demain soir, l'Escapade vous propose une nouvelle "rencontre avec les pros" consacrée à cette profession. Frédéric Manzonilli, de Zamora productions, sera présent pour répondre à toutes vos questions. En bonus, Siamese viendra, à la fin des débats, présenter ces dernières compos dans un showcase chaleureux et décontracté. Viendez nombreux! C'est gratuit!

* Rencontre avec les pros : Profession tourneur, avec Frédéric Manzollini de Zamora productions. Demain à partir de 18h30. Entrée gratuite.

26 février 2007

Quand une voix s'invite

Un espace François-Mitterrand plein comme un oeuf a réservé, hier, un accueil digne de la réputation des gens du Nord à la vedette du jour, Serge Lama.

Même ceux qui ne connaissent pas leur Serge Lama sur le bout des doigts, ont entendu au moins une fois l'un des nombreux "tubes" du chanteur. Hier, à l'espace François-Mitterrand, ils n'auraient pas été déçus par "Accordéonissi-mots", le spectacle du chanteur. Seul en scène avec un virtuose du "piano à bretelles", Serge Tomasi, l'autre Serge (Lama) égrène son histoire de faiseur de chansons qui se confond souvent avec l'histoire de la chanson française.
Pendant près de deux heures, on est en pays de connaissance, des "Ballons rouges" à "Je suis malade" en passant par "La chanteuse à vingt ans" ou "Les petites femmes de Pigalle", on replonge dans son enfance, dans sa jeunesse. Mais au-delà des souvenirs, Serge Lama impressionne toujours par sa voix. Un timbre qui n'appartient qu'à lui, la gouaille dans les chansons légères, la gravité dans celles plus intimes, l'âge ne semble pas avoir prise sur cette voix. Et pour mieux le démontrer, à la fin du spectacle, lors de "Je suis malade", Serge Lama - délaissant le micro, a terminé le dernier refrain a capella dans un silence quasi-religieux. La marque des grands se reconnait parfois à des petits riens.


25 février 2007

L'aventure d' "Accordéonissi-mots"

C'est à un spectacle peu commun que nous convie Serge Lama. "Accordéonissi-mots" est une espèce d'OVNI. Une autobiographie chantée et un grand coup de chapeau au grand amour de la vie du chanteur, le public. Visite guidée par l'artiste lui-même.
Une voix, un timbre reconnaissable entre mille. Les ans ne semblent pas avoir altéré ni le voile un peu rauque d'un des grands de la chanson française, ni son enthousiasme. Serge Lama reste surpris du succès de son spectacle. "Accordéonissi-mots est la suite logique du spectacle que j'avais fait à Bercy en 2003 pour fêter mes 60 ans et mes 40 ans de carrière. Mais c'est surtout et avant tout une gageure. Je voulais à la fois faire des choses qui me plaisent, mais aussi mettre au point "une petite forme" qui me permette d'aller jouer dans les petites villes... pour remercier tous ces gens qui ne m'avaient jamais vu en concert et qui m'ont été fidèles tout au long de ma carrière". Si l'on peut comprendre et concevoir les affres de la création d'un tel spectacle dont le succès n'est jamais inscrit dans le marbre, la gageure s'est vite transformé en réussite. "Initialement, cette aventure un peu incroyable d'un chanteur accompagné d'un accordéoniste était prévue pour durer quatre mois. Mais voilà, le public en a décidé autrement, puisque nous attaquons la quatrième année", lâche Serge Lama dans un sourire.



De la variété

Il le dit, il clame, il le revendique haut et fort, Serge Lama est un artiste de variété. "Accordéonissi-mots" est un spectacle à son image. "Je suis un artiste de variété, je fais un spectacle de variété, un spectacle complet. Un bon tiers est plutôt un autoportrait, le reste est une promenade dans mon univers". La bal(l)ade dans le monde de Serge Lama est l'occasion pour le chanteur de digressions vers le théâtre, la comédie. "Je suis bien aidé par l'accordéoniste virtuose qu'est Serge Tomasi, qui m'accompagne depuis le début de cette aventure. Il arrive à tirer des sonorités incroyables de son instrument, à créer des textures sonores qui sont parfois déroutantes extrêmement étranges".
"Accordéonissi-mots" n'est pas la seule occasion pour Serge Lama d'occuper le devant de la scène. Son nouveau recueil de poésie "Sentiment, sexe, solitude" a beaucoup fait parler de lui, mais pas forcément pour les bonnes raisons, selon son auteur. "Cet ouvrage me tenait à coeur", souligne Serge Lama. "J'ai choisi 300 poèmes issus de ce que l'on pourrait appeler la littérature érotique française. C'est cette appellation qui a excité certains chroniqueurs. Comme un parfum de scandale. Ils oublient volontiers que Zola a été traité de pornographe, qu'il a fallu attendre les années cinquante et le courage de Jean-Jacques Pauvert pour découvrir l'oeuvre de Guillaume Appolinaire. Du coup, la plupart des émissions que j'ai faites étaient axés sur les quelques poèmes osés (une quarantaine sur l'ensemble) du recueil. Tout ça m'a attristé, heureusement, l'accueil au Québec et en Belgique a été bien meilleur".
Mais tout à l'heure, en montant sur scène, Serge Lama n'aura pas à l'esprit ces vaines controverses. Place au spectacle, au bonheur du public. The show must go on...

*Serge Lama, à partir de 18h, espace François Mitterrand. Tarif : 38 €

Les hommes de l'ombre

Depuis hier matin, 18 personnes occupent l'enceinte de la salle Wilquin à l'espace François-Mitterrand. Leur tâche est simple et pourtant pas facile, à eux de mettre en place toute l'infrastructure scénique qui accueillera Serge Lama, ses musiciens et les spectateurs d'"Accordéonissi-mots".Un document technique d'une vingtaine de pages, c'est une peu la bible du concert de Serge Lama. Tout ce que les techniciens chargés du montage de la scène, de la lumière et du son doivent connaitre et assimiler sans perdre de temps. La scène de 8m sur 8m est à peine installée et mise à niveau qu'il faut s'attaquer au montage des portiques qui recevront la soixantaine de projecteurs. Hier soir, tout ce gigantesque méccano était achevé. Mais ce soir, après le show, il faudra s'attaquer au démontage. Faire et défaire, quel drôle de métier.

24 février 2007

Un drôle de "clone"

Sans préjuger du reste de la saison, "Molière en coulisses" est pour l'instant la vraie belle surprise d'une programmation riche en théâtre.


Pour tout comédien, en herbe ou confirmé, se glisser dans la peau de Jean-Baptiste Poquelin doit être une possibilité exaltante. C'est peut-être ce qui fait que l'on sent tant de jubilation chez Frank Delorme et Benoît Dendievel dans ce "Molière en coulisses" écrit par le premier nommé.
D'une situation que ne renierait pas un auteur de science-fiction (un clone-fantôme de Molière vient en aide à un comédien devant jouer "l'impromptu de Versailles"), Frank Delorme en fait un hommage à la langue du "grand siècle". Le choc avec notre langage quotidien porté par Benoît Dendeviel et Camille Ellboudt donne lieu à des "passes d'armes" qui sont un des grands moments de cette pièce. Les anachronismes viennent épicer ces dialogues savoureux le tout saupoudré d'un humour certain.
L'exercice était difficile, voire périlleux, mettre des mots dans la bouche de Molière ne doit pas être aisé. Frank Delorme et le Théâtre de la Mandragore ont brillamment relevé le défi. Faire du classique avec un classique, ce n'est pas donné à tout le monde.

20 février 2007

Quand Molière s'invite

Plus de trois cents ans après sa disparition, Molière reste d'actualité. Le dernier long métrage de Laurent Tirard "Molière malgré lui" donne à Romain Duris l'occasion d'interpréter ce "monstre" du thâtre. Pour sa part, l'Escapade propose un Molière fantomatique et omniprésent avec "Molière en coulisses".

"Aide-toi et Jean-Baptiste Poquelin t'aidera". Tel pourrait l'argumentaire lapidaire, de la comédie écrite par Frank Delorme et jouée par le Théâtre de la Mandragore.
L'auteur s'est amusé à imaginer un comédien jouant un petit rôle dans "l'impromptu de Versailles". Lassé de cette tâche ingrate et ennuyeuse, il décide de sécher la représentation en se faisant porter malade. Mais le destin, facétieux par nature, lui enverra un drôle de médecin que lui seul peut voir et entendre... Un fantôme célèbre s'invite dans la pièce...

* "Molière en coulisses", mercredi 21 et jeudi 22 à 15h. Tarifs : 8 € (plein) et 5 € (réduit)

18 février 2007

"Laisse le bon temps rouler"...

La traduction littérale du célèbre "let the good time roll" était à l'ordre du jour, vendredi soir, pour le concert de Revival et Beverly Jo Scott. Une soirée relax, sans prétention, juste de la bonne musique faite par de bons musiciens.
Xavier Damoisy, l'âme de Revival

Revival a donné le ton de la soirée en ouvrant avec un "Born On The Bayou" qui aurait bluffé John Fogerty lui-même. Xavier Damoisy et sa bande ont appris, au fil des routes et des concerts, à maitriser les standards de Creedence Clearwater Revival en y ajoutant un coup de patte personnel, un feeling bluesy plus urbain que celui dégagé par les oeuvres originales. Malgré quelques petits problèmes techniques (où c'est que j'ai mis mon câble?...), le combo cambrésien a chauffé avec brio le public pour l'arrivée de Beverly Jo Scott.

Gaëlle Mievis, la choriste de BJ Scott a fait l'unanimité de la gent masculine Séance de dédicace fournie pour Beverly Jo Scott à l'issue du concert

Beverly Jo Scott, c'est d'abord et avant tout une voix. A la fois cristalline et puissante, émouvante dans les ballades, râpeuse à souhait dans les blues cradingues ou les rocks endiablés, elle s'adapte à tous les genres sans jamais perdre sa personnalité. Servie par un backing band rompu à toutes les extravagances musicales de la dame, Beverly Jo Scott a aussi une relation complice avec sa choriste Gaëlle Mievis. Pendant près de deux heures, tout ce petit monde a emmené le public loin de ses problèmes quotidiens, dans un univers musical qui a toutes les saveurs du Sud, y compris celui de Nino Ferrer - pour une version dépouillée et pleine d'émotion. De compos personnelles en reprises bien senties, Beverly Jo Scott a délivré une prestation sincère et chaleureuse. Rien de tel pour oublier, le temps d'une soirée, la grisaille humide qui nous accompagne depuis quelques jours.

14 février 2007

On dirait le Sud...

L'ambiance sera "sudiste" à l'Escapade, vendredi soir. Revival ouvrira les festivités avec les standards de Creedence Clearwater Revival. Beverly Jo Scott prendra le relais avec un rock-blues teinté country qui ravira les amateurs de "bon temps". Revue des forces en présence.
Les musiciens de Revival baignent dans les trois accords/douze mesures depuis leur plus jeune âge. Ils sont un peu à l'image du Delta du Mississipi, une multitude de courants qui se rejoignent. Leur "mère nourricière" à eux, c'est le blues. Après avoir emprunté des chemins qui leur étaient propre; ils se sont retrouvés pour faire revivre la musique d'un sacré combo, Creedence Clearwater Revival. Ce groupe californien (!!) a su développer un rock aux accents bluesy, de ce blues rural qui évoque immanquablement la moiteur du bayou et les nuits fiévreuses de la Nouvelle-Orléans. Même s'ils n'avaient pas inventé le fil à couper le beurre (Tony Joe White était déjà passé par là), la bande à John Fogerty a donné ses lettres de noblesse au genre et inscrit quelques sacrés standards dans l'histoire du rock (Proud Mary, Born On The Bayou, Up Around The Bend...). Au fil des répets et des concerts, Revival a trouvé son ton pour imposer (modestement) sa griffe sur les morceaux de CCR. Ça se déguste comme un jambalaya, mais ça déménage tout autant. Et on y prend vite goût. Changement d'ambiance avec Beverly Jo Scott. Cette native d'Alabama aurait pu tourner comme ses compatriotes de Lynyrd Skynyrd. Si ce groupe est l'auteur de l'imparable "Sweet Home Alabama", il a aussi commis des morceaux comme "Things Goin' On" où les Noirs sont accusés de "pourrir l'air que nous respirons" (They're goin ruin the air we breathe). Ambiance.
La belle Beverly n'avait peut-être pas envie de respirer le même air que ce genre de zozos. Elle commence à sillonner les routes des States et débarque un jour dans le "plat pays". C'est là qu'elle commence à se faire un nom en tant que "backing vocalist" (choriste pour les francophones). De fil en aiguille, elle étoffe son CV en travaillant avec (en vrac, n'en jetez plus) : Maurane, Bernard Lavilliers, Alain Chamfort, Alain Souchon, Jacques Higelin, Elliot Murphy... L'envie de faire entendre sa voix l'amène à enregistrer un single puis deux albums dont "Amnesty For Eve " et le fameux duo avec Arno "Jean Baltazaar", un rock déjanté issu de l'union de "la fille du Père Noël" du dandy Jacques Dutronc et de "Jean Genie" du glamissime David Bowie.
Depuis ce succès, Beverly Jo Scott continue à tracer son sillon, alternant collaborations scéniques (Popa Chubby, De Palmas, Neil Young...) et productions discographiques personnelles. Son dernier opus (Cut And Run) navigue entre un rock viril et des ballades acoustiques au parfum bluesy, avec cette voix au timbre si particulier et si envoûtant. Comme son précédent opus, cet album joue avec bonheur du contraste entre la langue de Shakespeare et celle de Molière.
Une soirée avec des tripes et de l'âme, ça vous tente? Alors, poussez la porte de l'Escapade vendredi soir.
* Revival - Beverly Jo Scott , vendredi 16 à 20h30. Tarifs : 10 € (plein) et 8 € (réduit)

11 février 2007

"La cagnotte" rafle la mise

Le vaudeville résiste à l'épreuve du temps. La représentation héninoise de "la Cagnotte" par le Théâtre régional des Pays de Loire, hier soir, en a été une belle démonstration.
Echauffement avant le spectacle
Dans les coulisses

Les commentaires à la sortie d'un spectacle sont souvent le meilleur baromètre de satisfaction du public. Hier soir, "la Cagnotte" avait visiblement ravi son monde. Au vu de la prestation de la troupe du Théâtre régional des Pays de Loire, cela n'est que justice. Patrick Pelloquet et ses acolytes ont su rendre avec finesse le portrait de la bourgeoisie provinciale de la fin du XIXe siècle brossé par l'un des meilleurs observateurs de ses contemporains, Eugène Labiche. Les aventures et les déboires d'une troupe de provinciaux de la Ferté-sous-Jouarre (enfin tout est relatif, nous sommes à 65 kms de Paris...) sont rythmés durant les cinq actes par des changements de décor qui sont partie intégrante de la pièce.
Les intermèdes musicaux, qui sont dans l'oeuvre originale, ont pour leur part subi une sacrée cure de jouvence. On se balade des "Fabulous Trobadors" à un boogie-blues qui fait office de déposition dans un commissariat. Surprenant et hilarant. Ces contrepoints on ne peut plus actuels, une mise en scène nerveuse et inspirée redonnent une nouvelle jeunesse à une oeuvre-phare d'un genre théâtral souvent considéré comme suranné, vieillot. Tout cela était drôle, enlevé et incroyablement moderne. C'est aussi la marque des grands que de ne pas subir les outrages du temps. Le TRPL nous en a donné une belle preuve.


10 février 2007

"La cagnotte", une pièce en or - II

Patrick Pelloquet est (au choix) bavard, prolixe, loquace mais avant tout passionné. Le directeur du Théâtre des Pays de Loire est aussi membre de la troupe qui se produira ce soir pour la représentation unique (au nord de Paris) de "la Cagnotte" d'Eugène Labiche.

"La Cagnotte" vue par le Théâtre régional des Pays de Loire, c'est une grosse machine. "Nous sommes quinze sur scène et sept techniciens nous accompagnent en tournée", explique Patrick Pelloquet. "C'est une des raisons qui fait que je suis toujours surpris par la durée de cette aventure". En effet, initialement la pièce était prévue pour être jouée durant quatre mois. "A Hénin, nous en serons à la 93e représentation. Cela fait maintenant quatre ans que nous jouons cette pièce en alternance avec d'autres oeuvres". La lassitude pourrait-elle gagner la troupe après une telle longévité? Patrick Pelloquet ne le pense pas : "Tout ça reste très vivant. D'autant que les réactions du public sont très variables. Nous savons, par exemple, qu'il y a le rendez-vous du troisième acte. Dans son texte, Eugène Labiche ménage la progression dans la catastrophe. Le troisième acte est le point où la mécanique se met en marche pour tourner ensuite à plein régime. Et ça devient irrésistible".
Tout serait pour le mieux dans le meilleur du monde, si ce n'est que la pièce ne franchira pas un cap : "La dernière représentation sera la 97e, nous n'irons pas jusqu'à la 100e", note dans un sourire Patrick Pelloquet. "Nous avons d'autres projets sur le feu, d'autres oeuvres qui sont déjà en route, il faut toujours aller de l'avant".

"Le rire est le propre de l'homme"
Pendant quatre ans, le comique de Labiche aura souvent été à l'ordre du jour du Théâtre régional des Pays de Loire. "Notre théâtre aime explorer les différentes facettes du rire", explique le directeur. "Sur le fond, le rire peut être une arme acide, cruelle, qui n'épargne pas ceux qui en sont la cible. Sur la forme, le comique nécessite - tant de la part de l'auteur que des comédiens - une grande sincérité mais aussi, plus curieusement, un sens du rythme très prononcé. Et puis, j'aime bien dans ce genre de pièce quand les spectateurs disent : qu'est ce qu'ils sont cons. Labiche réussit parfaitement à mettre en exergue la bêtise de ses personnages, leur aveuglement. Pour l'époque, c'était audacieux".
Cette marque de fabrique du TRPL est aussi un atout incontestable pour la mise en place de projets. "Malgré la taille technique et humaine de "la Cagnotte", nous n'avons pas eu de problème à monter la pièce", se souvient Patrick Pelloquet. "Depuis des années, nous avons tissé des relations de confiance avec les institutions qui font office de co-producteurs mais aussi avec les diffuseurs (NDLR : les salles de spectacle). Quand j'ai donc proposé "la Cagnotte", tout le monde m'a dit banco. D'autant que Labiche bénéficie d'un véritable crédit d'auteur à succès".
Mais surtout, le regard acéré de Labiche sur la bourgeoisie n'a pas pris une ride. Servi par une troupe rôdée et une mise en scène finement audacieuse, ce texte défoule les maxillaires et démontre, une fois de plus, que la culture peut être populaire et de qualité. C'est aussi la marque de fabrique de l'Escapade, isn't it?

* La cagnotte, d'Eugène Labiche, par le Théâtre régional des Pays de Loire. Ce soir à 20h30 - représentation unique au Nord de Paris. Tarifs : 25 € (plein) et 20 € (réduit)

07 février 2007

"Saleté" attire

Quand l'art se met à l'écoute de la société, la forme est souvent surprenante mais n'affaiblit pas la force du propos. Cela a été le cas de "Saleté", la dernière création de la compagnie Farid'O, une chorégraphie hip-hop qui se met au service d'un texte puissant sur l'immigration de Robert Schneider.
Deux soirs de suite, Farid Ounchiouene et sa troupe ont joué à guichets fermés. Qui a dit que la danse était un art élitiste?

06 février 2007

Way Down South...

Cap au sud, ça vous dit? Mais, vendredi prochain, ce sera vers le sud des Etats-Unis. Direction la Louisiane, le bayou et une musique avec un accent et une couleur à nulle autre pareil. Difficile de faire autrement avec l'affiche du jour : Revival (tribute band à Creedence Revival Clearwater) et Beverly Jo Scott.
Revival, c'est la bande à Xavier Damoisy (ex-Double dose), des hobos du rock régional blanchis sous le harnais mais qui ont toujours la foi du rythme binaire. Et quand ils se mettent à faire tourner "Proud Mary" ou "Born On The Bayou", le dépaysement est assuré.
Changement de décor avec Beverly Jo Scott. La native de l'Alabama (le Sweet home cher aux allumés de Lynyrd Skynyrd) viendra avec un set acoustique qui fera certainement passer de l'électricité dans l'air, la dame maitrisant le blues unplugged à l'égal des spécialistes du genre.
L'affiche vous plait, le concert vous tente les deux premiers internautes qui répondront à la question suivante gagneront une invitation à retirer à la billeterie de l'Escapade le jour du concert :
Avec quel chanteur francophone Beverly Jo Scott a-t-elle repris une chanson de Jacques Dutronc?
Envoyez vos réponses à pascal.beclin@skpade.fr
Bonne chance!
*Revival/Beverly Jo Scott, vendredi 16 à 20h30. Tarifs : 10 € (plein) et 8 € (réduit)

05 février 2007

"La cagnotte", une pièce en or

On aime sortir des sentiers battus à l'Escapade. Si la création théâtrale est bien représentée avec la Compagnie ou BVZK, les grands classiques ne sont pas remisés aux oubliettes. Samedi soir, le Théâtre régional des Pays de Loire donnera une représentation unique (au Nord de Paris) de "la Cagnotte" d'Eugène Labiche. Rencontre avec Patrick Pelloquet, directeur de la compagnie (pour le devoir) et comédien (pour le plaisir).

Le regard est clair, malicieux, passionné. A deux heures de son entrée en scène dans le superbe théâtre à l'italienne de Fontainebleau, Patrick Pelloquet prend le temps d'évoquer cette belle aventure qu'est "la Cagnotte". La salle de maquillage (une petite loge encombrée de postiches et de produits de beauté) fait office de "'confessionnal" improvisé, cette pièce étant le plus souvent l'endroit où les comédiens se glissent littéralement dans leurs rôles avant de monter sur les planches. "La Cagnotte est typiquement ce que l'on appelle - en partie à tort, d'ailleurs - du vaudeville. En l'espèce, il est plus juste de parler de comédie cortège où un groupe de personnages se trouvent embarqués dans une suite d'aventures grotesques sur un rythme qui leur fait perdre leurs repères et les place malicieusement dans des situations saugrenues où tout devient possible", indique Patrick Pelloquet. Pour le Théâtre régional des Pays de Loire (TRPL pour les intimes) ce genre de comédie n'est pas une nouveauté : "Il s'agit de la quatrième adaptation d'un grand auteur de vaudeville, en l'occurrence Eugène Labiche. Du même, nous avions déjà joué "le chapeau de paille d'Italie". Et j'avais aussi mis en scène "Chat en poche" de Georges Feydeau et "Une petite formalité" de Georges Courteline. Mais à la différence des précédentes pièces, "La Cagnotte" est une grosse machine". La comparaison n'est nullement exagérée, car ce ne sont pas moins de quinze personnes qui sont sur scène durant les cinq actes d'une comédie échevelée.

Le vaudeville, cet inconnu
Et il faut bien cela pour narrer les déboires de quatre bourgeois débarquant, de leur province profonde, dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Ce quatuor qui vient dans la capitale dépenser la cagnotte amassée au cours de longues soirées se trouvera pris dans des aventures dramatiques pour les intéressés mais drolatiques pour les spectateurs. "A cette époque, la bourgeoisie était la cible des auteurs de vaudeville et des caricaturistes, il suffit de voir le travail de Daumier", souligne Patrick Pelloquet. "Mais Feydeau, Courteline ou Labiche avaient chacun leur façon de décrire les travers de cette classe sociale qui dominait son époque. Chez Feydeau, le réalisme primait à un point tel que pour certaines de ses oeuvres, il a amené ses propres meubles pour servir de décor mais la psychologie des personnages était la clé de voute de son oeuvre. Courteline a, quant à lui, fustigé la pesanteur bureaucratique en s'attachant à décrire l'univers social de son époque. Enfin, Labiche s'est attaché à démontrer le ridicule de cette classe sociale par les traits caractéristiques des individus qui la composent. Et c'était un milieu qu'il connaissait bien... pour en faire partie".
Le trait est donc juste, acéré mais il n'est pas forcément aisé de mettre en scène une écriture aussi prolixe. "La grande difficulté provient du changement de décor à chaque acte. Pour, en quelque sorte, contourner le problème, j'ai choisi d'opter pour un changement à vue. Mais l'élément principal du décor m'est d'un grand secours", indique Patrick Pelloquet.
Mais encore... rendez-vous vendredi pour la suite de cet entretien.

* La cagnotte, d'Eugène Labiche, par le Théâtre régional des Pays de Loire. Samedi 10 à 20h30 - représentation unique au Nord de Paris. Tarifs : 25 € (plein) et 20 € (réduit)

02 février 2007

Brassens sur les bancs de l'école Bracke-Desrousseaux

Il doit sourire dans sa moustache, l'anar de Sète, le poète qui vouait aux gémonies (mais avec quel style) la maréchaussée, l'église et les bien-pensants. Lui, Brassens, le faiseur de chansons qui se retrouve au centre d'un spectacle fait pour et par des enfants... Ça doit bien le faire sourire.
Depuis la rentrée, c'est la belle aventure que sont en train de vivre des élèves de CM1 et CM2 de l'école Bracke-Desrousseaux d'Hénin-Beaumont. Une fois par mois, Goun, leur cicérone de l'oeuvre de Brassens, vient leur rendre visite et les fait travailler sur les chansons qui formeront l'ensemble du spectacle qui sera donné le mardi 22 mai à 15h à l'Escapade. Pour Gounn, Brassens est une vieille connaissance. Ça fait plus de vingt ans qu'il trimballe ses mots et ses notes dans sa tête et sur sa guitare. Et il a toujours choisi de s'adresser aux plus jeunes. L'idée du spectacle proposée par un enseignant a donc pris corps naturellement et depuis septembre dernier tout le monde a mis la main à la pâte pour donner vie à cette belle histoire.
Jeudi dernier, Goun était donc à l'école Bracke-Desrousseaux pour faire travailler les enfants sur les chansons du spectacle. Si les "minots" apprécient cette autre façon d'apprendre, il ne s'agit toutefois pas d'une récréation. On est là pour travailler et Goun, le chanteur, se transforme en prof attentif mais inflexible à l'égard de ceux qui préfèrent faire rigoler les copains. Eh oui, Brassens, ça peut paraître léger mais il faut travailler... Rendez-vous le 22 mai prochain pour la représentation. En attendant, au boulot!

Immigration, vous avez dit immigration?

Si la culture, au sens large, est un formidable moteur d'évasion et de découverte; elle peut aussi devenir un moyen de voir le quotidien d'un autre oeil. Après "Bashir Lazhar" de la Compagnie, c'est au tour de Farid'O d'amener sa pierre à l'édifice du débat sans cesse recommencé sur l'immigration. Sa nouvelle création "Saleté", jouée mardi et mercredi, propose un autre regard sur une question sensible.

Ça pourrait s'appeler le choc des cultures. Présenter un spectacle de danse, écrit par un Allemand et narrant la vie d'un Irakien immigré clandestin, le tout mis en scène par un chorégraphe venant de la danse de rue, c'est un sacré melting-pot. Et quoi de mieux pour aborder la question de l'exil et de l'immigration? Un problème trop souvent perçu, dans nos contrées, de façon unilatérale. L'autre, l'étranger, celui qui par qui le malheur arrive. Et si l'on changeait de point de vue? L'exil de la terre natale est rarement une partie de plaisir, d'autant que l'arrivée dans "le pays d'accueil" ne se fait pas avec un tapis rouge, sans parler des conditions d'existence qui obligent des personnalités brillantes à se fondre dans le lumpenprolétariat (le prolétariat en haillons) pour tenter de survivre. Se fondant sur ces réalités trop souvent occultées, Robert Schneider a mis en mots un texte dérangeant, un miroir de la société allemande contemporaine vue par un immigré clandestin féru de philosophie et de littérature allemande. Sur ce constat implacable, Farid'O et sa troupe pose une chorégraphie aérienne contrastant avec l'âpreté du texte. Parefois la réflexion sur la société passe aussi par des entrechats...
* Saleté par la compagnie Farid'O , mardi 6 et mercredi 7 à 20h. Tarifs : 8 € (plein) et 5 € (réduit).