
Cette mise en scène nerveuse et rythmée a une qualité indéniable : "La succession de petits tableaux", explique David Gauchard, "permet à ceux que j'appelle "les intermittents", ceux qui ne suivent pas l'histoire de bout en bout, de ne jamais être largués". Mais la musique et la lumière sont suffisamment travaillés pour retenir l'attention. Une idée qui vient de Shakespeare : "Dans son théâtre, les maître-mots sont l'oreille et l'oeil". Et là, David sait de quoi il parle pour avoir signer une adaptation moderne et sidérante d'Hamlet. La querelle des anciens et des modernes? Connaît pas. "Shakespeare est moderne, ça dépend de la traduction. Pour Hamlet, j'avais travaillé avec André Markowicz qui a eu un Molière avec Françoise Morvan pour Platonov, d'Anton Tchékov".

Au rythme des rencontres
La découverte et la mise en scène de Bashir Lazhar est un histoire de rencontres. "J'ai connu le texte d'Evelyne de la Chenelière lors des Francophonies en Limousin. C'est un festival théâtral qui a pour particularité d'avoir un prix (le prix Sony Labou Tansi, un auteur africain) décerné par des lycéens". Une fois des extraits du texte lu aux lycéens, ceux-ci se glissent dans la peau de comédiens pour les interpréter. Si "Bashir Lazhar" n'a pas remporter le prix, David a eu un coup de foudre pour le texte : "L'histoire me plaisait et j'ai remarqué que les élèves étaient très réceptifs". Quelques temps après, David part au Canada pour rencontrer l'auteur. "Je m'attendais à trouver une mère de famille entre deux âges. Je suis tombé sur une jeune trentenaire qui avait été prof et avait évolué vers la dramaturgie. Elle savait donc de quoi elle parlait quand elle a couché l'histoire de Bashir Lazhar sur le papier".
La troisième rencontre qui va sceller le destin de la pièce a lieu à Bruxelles. "J'étais parti là-bas pour travailler sur un nouveau spectacle", se souvient David Gauchard. "Etant près du Nord, j'ai appelé Saverio Maligno que j'avais connu lors d'un stage à Brive. J'avais la certitude que Bashir était pour lui. C'est un petit-fils d'immigrés et bien que je ne sois pas de la région, je sens ce qui se passe ici". Très vite, les deux hommes tombent d'accord pour monter la pièce. Et la création réservera quelques bonnes surprises. "Initialement, la présence d'un musicien sur scène n'était pas prévue (voir post du 9 novembre). Mais les interventions de Samuel collaient tellement au propos que son rôle s'est imposé naturellement. Et puis honnêtement, je ne me voyais pas faire un spectacle électro. "Bashir" ne se prête pas à ce genre d'ambiance".
A Hénin-Beaumont depuis le début de la semaine, David Gauchard ne tarit pas d'éloges à l'égard de la Compagnie. "On les sent très investis sur le terrain politique - au sens noble du terme - et sur le territoire. Ça m'a touché. Et puis, durant la création il y a eu un véritable échange. Je suis un metteur en scène invité. J'ai amené ma vision des choses tout en essayant d'être juste et de respecter la charte de la Compagnie".
Le pari est, semble-t-il, gagné au vu des remerciements des collégiens et lycéens qui ont eu l'occasion de découvrir la pièce durant toute la semaine. Demain, ce sera la séance tout public où l'on pourra aussi voir les photos de Patrick Devresse fait lors des répétitions et des oeuvres de graffeurs. Ça risque donc de se marcher sur les pieds, demain soir à l'issue de la représentation, dans le hall de l'Escapade.
*Bashir Lazhar, samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)
Retrouvez la Compagnie sur le web : www.lacompagnie.info
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