29 novembre 2007

A la recherche du "Graal" des guitaristes

Les décibels étaient lâchés mercredi soir pour la "rencontre avec les pros". Rabire Bellahcene, professeur de guitare à l'Escapade, accompagné de Jocelyn Quesne a disséqué pendant plus de deux heures les maillons qui viennent se placer entre les doigts du guitariste et l'oreille de l'auditeur. Nos deux "gratteurs fous" s'en sont aussi donné à coeur joie sur les manches de leurs instruments respectifs.

28 novembre 2007

Tout en finesse, du bout des doigts...

Depuis mardi, la Manivelle théâtre emmène un public d'enfants ravis dans l'univers feutré et "cocoonesque" de mademoiselle Blanche et de son serviteur Hippolyte. "Du bout des doigts" joue avec finesse des mots et des sons pour raconter l'imaginaire et la peur de l'inconnu... avec une histoire qui se finit bien. Si vous voulez vous offrir un voyage au pays des rêves, ça se passe aujourd'hui à 13h45, à 15h10 et demain à 10h. Le tout pour la modique somme de 8 € (plein), 6 € (réduit) et 5 € (adhérent, groupe), qu'on se le dise !

27 novembre 2007

Amarande : "La qualité ne se démode jamais" !

Adulé ou décrié, le théâtre de boulevard réussit toutefois à traverser les époques tout en continuant à attirer un nouveau public. Samedi soir, l'Escapade accueillera "l'Amant de coeur", une pièce de Louis Verneuil. Sa principale interprète, Amarande, nous donne quelques clés pour mieux comprendre ce succès durable du boulevard. Et pour parler de bien d'autres choses encore.
Elle pourrait, sans rougir, reprendre à son compte la célèbre rengaine d'Aznavour sur "ses amis, ses amours, ses emmerdes" avec une existence bien remplie. Qu'importe, le temps passe mais la pétulance et l'enthousiasme sont toujours là, surtout quand Amarande défend une pièce qui lui tient à coeur. "Cette pièce est inusable, indémodable. Elle a été créée au début des années vingt mais son succès ne s'est jamais démenti depuis. Elle se joue d'ailleurs encore très régulièrement un partout en France et dans les pays francophones". Pour Amarande, cette longévité s'explique aisément : "L'écriture de la pièce ne tombe jamais dans la facilité, la vulgarité. A l'instar des autres "boulevardiers" (Feydeau, Courteline, Labiche...), Louis Verneuil peut et sait faire rire sans être grossier. Ça nous change de tout ce que l'on voit aujourd'hui". Comme elle le dit "Cette pièce est bien écrite mais ce n'est pas non plus un exercice littéraire. Mais Verneuil est un grand bonhomme, il a été joué par les plus grands, c'est un talent à part entière", un avis autorisé de la part d'une comédienne à la carrière bien remplie dans des registres divers et variés. "J'ai joué avec Belmondo, Blier, Fernandel, Piccoli. J'ai joué toutes les pièces de Marcel Achard et sous la direction de Stellio Lorenzi, Pierre Granier-Deferre. J'ai navigué du théâtre au cinéma en passant par la télévision". On pourrait penser qu'après un tel parcours, la lassitude ou une forme d'ennui pourrait céder la place au feu sacré des premiers jours. Il n'en est rien : "Je ne veux pas jouer des pièces qui ne me plaisent pas. "L'amant de coeur", c'est du sûr. Avec des auteurs de la trempe de Verneuil, on sait où on va. D'ailleurs, nous avons encore des fou-rires pendant les répétitions".
De cette histoire d'amants "cocufiés" et de description sans fard d'une certaine bourgeoisie du début du XXe siècle, Amarande et ses partenaires font un spectacle plaisant et drôle. Comme bien d'autres, le talent de Louis Verneuil résiste aux assauts du temps. C'est la marque des grands. Ce à quoi Amarande ajoute malicieusement : "Quand on me demande "quoi de neuf ?", je réponds Molière, Mozart... Que voulez-vous, la qualité ne se démode jamais".


* L'amant de coeur, samedi 1er décembre à 20h30. Tarifs : 15 € (plein), 12 € (réduit), 10 € (adhérent, groupes)

Rencontre avec les pros : A la conquête du son

Marshall, Mesa Boogie, Bogner, Custom Audio. Tous ces noms font rêver les guitaristes car ils sont souvent synonymes du saint Graal de tous les "gratteux" : LE son ! Mais au risque de doucher l'enthousiasme de quelques-uns, ces amplis de haut vol peuvent sonner comme des casseroles s'ils ne sont pas réglés convenablement.
Demain soir, la "rencontre avec les pros" demandera à Rabire Bellahcene, prof de guitare à l'Escapade, de donner quelques pistes de réglage et de présenter quelques amplis et guitares qui risquent de vous laisser pantois.
C'est demain soir à partir de 18h30 à l'Escapade et c'est gratuit, qu'on se le dise !

26 novembre 2007

Petite soirée entre amies

A l'Escapade, on aime la diversité. Samedi soir, on a été gâté avec "Muses en live", une idée a priori saugrenue sortie des neurones survoltées de Pascal Beclin, le programmateur musical du lieu. Saugrenue car mélangeant allègrement les genres (débat, exposition de peinture, musique) et les genres musicaux (de la chanson française intimiste au punk déjanté). Et avec un fil conducteur, la femme aux commandes de ce moment. Ça était instructif, émouvant, réjouissant et au final agréable. Que demander de plus?
Une chorale en ouverture d'un débat, ce n'est pas courant. Mais les choristes ne se sont pas contentées de donner de la voix en chantant mais aussi en participant au débat. Welcome in Bimboland.
Christelle Moquet s'était métamorphosée en blonde plus vraie que nature pour un impromptu qui a élevé le débat... Comme seule une blonde pouvait le faire !
Gaëlle Vignaux chante le quotidien avec un humour qui fait relativiser les grandes avanies et les petites misères de l'existence.
Méfiez-vous des blondes ! Sous des dehors aguicheurs et sexy, Charlotte Marin croque la vie des trentenaires avec une acuité redoutable. Sur des petites musiques qui le sont tout autant.Les Suprêmes Dindes doivent travailler à EDF pour offrir une telle débauche d'énergie sur scène. La femme est l'avenir du punk!

23 novembre 2007

Charlotte Marin : Vive le one woman chante !

"Trentenaire blonde, sexy aimant la comédie et la musique cherche scène pour s'épancher. Ou à la rigueur, épaule masculine. Et en plus je cuisine...". Cette petite annonce, imaginaire, est un portrait lapidaire et donc réducteur de Charlotte Marin (présente samedi pour "Muses en live"), une "voix" qui fait son bonhomme de chemin dans la chanson française. Car à l'instar d'une Frédérique Bel (l'inoubliable interprète de "la minute blonde"), la belle a plus d'une corde (vocale) à son arc. N'est-elle pas la mieux placée pour en parler?
Le ton est enjoué, la voix posée, on se dit qu'on l'a déjà entendue quelque part. Bingo ! La demoiselle est une comédienne accomplie qui fait des doublages pour des séries télé aussi populaires que "24 heures chrono", "Roswell" ou "New-York District". Mais alors, quel est le métier sur la carte de visite ? Comédienne ou chanteuse ? "Dans la chanson française, je suis une espèce en voie de réapparition, celle des chansonniers. Mais attention, je ne fait pas non plus le Caveau de la République ! En fait, mes concerts sont plus que des concerts, ce sont des one woman chante. Au fur et à mesure des concerts, mes interventions entre les chansons sont devenues de plus en plus écrites et sont désormais parties intégrantes du spectacle."
Avec un père travaillant dans le cinéma et fou de musique, normal que la petite Charlotte se sente bien dans ces deux univers. "Difficile de dire que je suis plus comédienne que chanteuse. J'ai toujours baigné dans la musique mais la comédie était présente dans ma vie quotidienne. Tout ça s'est mêlé très tôt dans ma tête". Son cursus est à l'image de son ambivalence : cours de théâtre, mais aussi de chant tout en préparant une maîtrise de cinéma. Ajoutez à cela, l'écriture de courts métrages et d'une pièce de théâtre pour commencer à avoir un aperçu des talents de Charlotte.
Après avoir tâté du théâtre et de la comédie musicale, Charlotte Marin s'est naturellement tournée vers la musique tout en s'investissant dans le doublage. Sa célébrité balbutiante dans cette activité ne la gêne pas. "Ne pas être trop connue sur le marché peut être un avantage", confirme-t-elle. "Contrairement à d'autres, moi on me fait faire de tout".
Une couleur ? Non, un univers !
Cette activité forcenée n'a pas empêchée Charlotte d'écrire avec Marion Michau, son premier album "Et en plus je cuisine...". "C'est un album à quatre mains écrit sur le clavier des mots", note-t-elle. "C'est une espèce de Journal de Bridget Jones mis en forme avec un patchwork musical. Je n'avais pas envie d'une couleur mais plus d'un univers musical". Mais la présence d'un violon sur scène a fait que certains ont qualifié un peu hâtivement le style de Charlotte Marin de jazz manouche. "Là, c'est tout faux ! Le style unique, ça n'est pas mon truc. Comme dit la maxime : "Souvent femme varie...". Et bien fol qui s'y fie, serait-on tenté de compléter pour rétablir la vérité historique et avec un soupçon de mauvaise foi masculine. "Et puis", ajoute-t-elle avec un sourire dans la voix, "dans le registre de la gouaille des "fortifs" à la Sanseverino, je ne suis pas très crédible. Je ne suis qu'une bourgeoise du XVIe (arrondissement)... et je l'assume", conclut-elle dans un éclat de rire.
Celle que l'on comparait à ses débuts à Linda Lemay et qu'on rapproche maintenant plus des comiques comme Florence Foresti se définit plutôt comme "Une croqueuse d'hommes, Bénabar avec plus de poitrine". Bien des coeurs risquent de chavirer quand cette ravissante blonde montera sur la scène de l'Escapade demain soir pour un show qui promet d'être décoiffant. Car en plus... elle cuisine. Aussi les hommes, d'ailleurs. Messieurs, vous voilà prévenus. Bonne soirée quand même...
* "Muses en live", demain soir à partir de 19h. Débat sur le thème de la place de la femme dans la société actuelle - entrée gratuite. Concert avec Gaëlle Vignaux, Charlotte Marin et les Suprêmes Dindes à partir de 20h30. Tarifs : 10 € (plein), 8 € (réduit)

22 novembre 2007

Rencontre avec les pros : la chasse au gros son

Vous êtes tout fier de votre nouvelle guitare et de votre non moins nouvel ampli. Mais voilà, malgré des heures acharnées de réglage, votre son tient plus du MP3 avec enceintes à 1 € que du cristallin en son clair et du ravageur en saturé de vos rêves. Ne désespérez pas, l'Escapade et ses "rencontres avec les pros" vole à votre secours.
Mercredi 28 novembre à partir de 18h30, Rabire Bellahcene, prof de guitare à l'Escapade et grand "tortionnaire" de guitares, d'amplis et d'effets devant l'Eternel, vous donnera toutes les ficelles pour trouver votre son et profitera de l'occasion pour présenter du matériel que vous ne croiserez pas tous les jours. Il clôturera aussi la soirée avec quelques riffs bien sentis agrémentés de soli finement relevés. Et tout cela gratuitement !
*Rencontre avec les pros : matériel, les pièges à éviter. Mercredi 28 à partir de 18h30. Entrée gratuite.

Du bout des doigts

Emmener les petits et les plus grands à la découverte des cinq sens, c'est une tâche à laquelle s'est attelé la Manivelle théâtre depuis quelques années. Mais à leur façon, avec humour, musique et beaucoup de fantaisie. "Du bout des doigts" explore toujours cette veine en nous faisant faire connaissance avec mademoiselle Blanche, qui a peur de tout, et son domestique Hippolyte qui préfère les sons aux mots. Ce dernier a une nouvelle de toute première importance à annoncer à mademoiselle Blanche. Celle-ci sera-t-elle sensible à l'insistance de son serviteur? Réponse à partir du mardi 27 novembre...
* Du bout des doigts. Mardi 27 et mercredi 28 novembre à 15h, jeudi 29 à 10h, 13h45 et 15h10, vendredi 30 à 10h. Tarifs : 8 € (plein), 6 € (réduit), 5 € (adhérent, groupe).

Un vendredi chaud et moite

Ça promet d'être une soirée émoustillante pour les uns, poil à gratter pour les autres, que cette première des "Vendredis du conte" à la maison de quartier Maurice Thorez. Montée en partenariat avec Droit de Cité, cette opération qui s'étale sur toute la saison revisite l'univers du conte qui ne se limite pas au "petit chaperon rouge" ou à "Blanche-Neige et les sept nains".
D'ailleurs demain soir, ce seront des contes érotiques arabes des XIIIe et XVe siècles adaptés par Moussa Lebkiri. Des textes où les femmes donnent leur vision des hommes. Surprenant et idéal pour contrer les premiers frimas.
*Les vendredis du conte, vendredi 23 novembre à partir de 20h, maison de quartier Maurice Thorez. Tarifs : 2 € (plein) et 1 € (réduit)

21 novembre 2007

Femmes, femmes, femmes...

Evoquer la condition féminine de façon originale relève de la gageure. Alors, si on en parlait, si on la regardait, si on l'écoutait? C'est en faisant appel aux sens (mais aussi aux neurones) que l'Escapade a choisi de donner libre cours à cette question, samedi 24 novembre à partir de 19h, pour la soirée "Muses en live". De la réflexion au défoulement, ce sont les femmes qui donneront le la d'une soirée qui sera leur soirée... mais ne sera pas fermée aux hommes, loin s'en faut. D'ailleurs, il y en aura pour tous les goûts entre débat, expo et musique.

Une belle soirée en perspective...
Un peu de sérieux avant la détente. La soirée commencera à 19h avec un débat sur "le regard des femmes dans notre société". Animée par Régine Calzia, avocate et présidente départementale de l'association de défense des droits des femmes et de la famille du Nord, cette discussion à bâtons rompues sera suivie et close par une chorale très féminine, les Epichoristes. Petit grain de sel, la Compagnie se glissera pour un impromptu qui fera du bien aux zygomatiques, "La brigade du génie gène". Avant de rejoindre la salle de concert, n'hésitez pas découvrir l'expo de NédyadouSS, une artiste peintre qui se définit comme "1m57 de mystère et de révolte".
Côté musique, Gaëlle Vignaux et sa chanson intimiste ouvrira l'éventail de l'éclectisme avant de céder la place à Charlotte Marin, qui outre un charme évident, un humour déjanté... en plus cuisine (allez voir son site www.charlottemarin.com, vous comprendrez).
On finira en beauté avec le rock primaire et sauvage des Suprêmes Dindes. Y'a pas que les hommes qui peuvent faire du rock'n'roll velu et gorgé de testostérone!!!
*"Muses en live", samedi 24 novembre à partir de 19h. Débat sur le regard des femmes sur notre société. Entrée gratuite.
Concert de Gaëlle Vignaux, Charlotte Marin et les Suprêmes Dindes. Tarifs : 10 € (plein), 8 € (réduit).

A la découverte "d'une île bordée de terre"

Saviez-vous qu'au 19ème siècle, le Paraguay était la grande puissance du continent sud-américain et que ce pays perdit 90% de sa population masculine dans la guerre de la Triple Alliance qui l'opposa, de 1865 à 1870, à l'Argentine, au Brésil et à l'Uruguay? Que ce pays sans débouché maritime de plus de 6 millions d'habitants compte deux langues officielles dont le guarani? Voilà, entre autres, ce qu'a expliquée Magali Sequara, titulaire d'une maîtrise en littérature et paraguayenne d'origine, samedi après-midi, lors d'une conférence à la Médiathèque. Une mise en bouche pour une représentation des "animaux blancs", un conte de Josefina Plà qui s'est déroulée dans un cadre inhabituel, celui de la Belle Anglaise.
Là, changement d'ambiance. Tel un félin, Joan Bellviure, le comédien de la compagnie l'Embardée tourne en rond en relisant son texte. Mais dès le début de la lecture, tout semble aller de travers. Joan s'exprime en espagnol, au plus grand désarroi et à la plus grande perplexité de la majorité de l'auditoire. Il s'en amuse : "Je ne parle pas assez fort?" puis débute la lecture en français. Mais le terme de lecture n'est peut-être pas le plus approprié tant Joan Bellviure se permet des digressions marquées du sceau d'un humour pince-sans-rire déconcertant et hilarant. Pour se remettre de ses émotions le public peut apprécier l'interprétation de classiques de la chanson paragayuenne par Wladimir Beltran. Ce "foutoir organisé" est en fait une redoutable mécanique qui emmène le spectateur du rire à l'émerveillement en passant par l'émotion. Pour tous ceux qui auraient raté ce grand moment, rendze-vous les 3 et 4 avril à l'Escapade pour de nouvelles représentations des "animaux blancs".

19 novembre 2007

Chroniques du fond... et d'ailleurs

Attention, mineurs! Dès que l'on parle de la mémoire ouvrière et plus particulièrement de celle des mineurs dans la région, il faut louer "l'aristocratie" de la profession, son rôle essentiel dans la reconstruction de la France au lendemain de la seconde guerre mondiale, la fraternité qui régnait au fond. Encore que... En quittant les Houillères, Hamid Oukattou a rejoint le Théâtre de la Gayolle et offert à Josette Breton un formidable terreau d'écriture qui est devenu "Mémoires d'un mineur marocain dans les Houillères du Nord/Pas-de-Calais". Les trois représentations de vendredi ont fait salle comble, et les lycéens présents ont découverts le quotidien de leurs parents ou grands-parents. Ce qui est aujourd'hui une partie de leur histoire.
Examinés comme du bétail par un maquignon. C'est ainsi qu'a commencé l'aventure de la plupart des Marocains qui se sont enracinés dans notre région. La mise en scène de Josette Breton fait passer Hamid Oukattou de la lumière à l'obscurité, du cocon familial niché dans les rudes montagnes du Sud marocain aux profondeurs des puits du bassin Nord/Pas-de-Calais. Et fait découvrir un racisme ordinaire que n'efface pas la noirceur du charbon. La succession de tableaux décrit avec justesse la réalité du quotidien des mineurs marocains et de leur famille, le choc des cultures trop souvent passé sous silence.
Le dernier acte lève un coin du voile sur la "reconversion" des mineurs marocains à la fin de l'exploitation charbonnière au début des années 90. Où l'on apprend que les gens du Maghreb n'eurent pas droit au même traitement que leurs confrères d'infortune et durent se lancer dans une grève de sept semaines pour parvenir à un semblant d'équité.
Ce récit qui traverse plusieurs décennies de l'histoire de notre région sonne juste et vrai. Il suffisait de voir les réactions du public pour s'en convaincre. C'est la force des grandes oeuvres.
Hamid Oukattou, de la veine de taille aux planches des théâtres.
Le choc des cultures au quotidien

Anatomie d'une "boucherie"

Jour après jour durant plus de quatre ans, Louis Barthas, tonnelier de son état, a méticuleusement décrit son quotidien de "poilu". 19 cahiers qui deviendront "les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918", un récit fleuve qui montre le vrai visage d'une guerre qu'on prédisait "fraîche et joyeuse" et qui devait être la "der des ders". A la maison de quartier Maurice Thorez, Jean-Maximilien Sobocinski de la compagnie Bon Pied, bon oeil a lu quelques extraits de ce texte épique. Un travail de comédien qui devrait être bientôt mis en scène.

Un air de musique classique détend l'ambiance avant que Jean-Maximilien Sobocinski ne commence à prendre la parole. "Premier cahier, 2 août 1914 au 4 novembre 1914 - la vie de dépôt". Le ton est neutre, assuré, on a l'impression d'assister à la lecture d'un rapport administratif. Mais très vite, on est pris dans l'ambiance. Le texte est foisonnant, la langue est riche. Bien que peu instruit au regard de notre époque, ce tonnelier du Minervois titulaire du seul certificat d'études manie le verbe avec justesse et aisance. Pacifiste convaincu, il écrit le 4 août 14 lors de sa mobilisation : "J'appartiens à la patrie comme une âme damnée appartient à Satan". Affecté au 280e régiment d'infanterie, il sera de toutes les offensives les plus terribles, de La Bassée à l'Argonne en passant par la Somme ou Verdun. Des attaques dont il dit : "Même les plus stupides d'entre nous comprirent qu'on allait à la mort". Avec Louis Barthas, foin d'odes au patriotisme et au sacrifice "volontaire" des morts. Il décrit sans fard et de façon quasi-clinique la blessure au visage d'un de ses compagnons d'infortune
ou les fraternisations sur le front de Neuville-Saint-Vaast en décembre 1915 où "deux armées se font face à face sans un coup de feu".
Bien que peu suspect de religiosité, Louis Barthas se pose des questions sur "ces forces mystérieuses et surnaturelles qui veillent sur nous" et qui lui permettront d'arriver sain et sauf jusqu'au 14 février 1919. "Allez, vous êtes libre. Cette phrase plus attendue que le Messie" marquera sa démobilisation et le début d'un combat contre le militarisme qu'il mènera jusqu'à son dernier souffle.
Sans effet, sans artifice, Jean-Maximilien Sobocinski a fait revivre les plus belles pages de Louis Barthas. En sortant de ce moment émouvant, difficile de ne pas songer au refrain de "la chanson de Craonne", hommage de l'époque aux mutinés et fusillés pour l'exemple : "Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes. C'est bien fini, c'est pour toujours De cette guerre infâme. C'est à Craonne sur le plateau Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous des condamnés Nous sommes les sacrifiés".

15 novembre 2007

Nord/Pas-de-Calais en Scène : Epilogue (fin)

Pour le final de Nord/Pas-de-Calais en scène, retour vers l'Arc-en-Ciel de Liévin pour une soirée toute en musique et régionale, s'il vous plaît. Au programme, trois visions bien différentes d'appréhender le grand fourre-tout qu'on nomme "chanson française".
Presque Oui ouvre les débats, seul avec sa guitare (qu'il manie fort bien le bougre) et ses textes sucré-salé pleins d'un humour décalé.
Avec l'arrivée de Lulu, la scène semble se rétrécir. Six musiciens, ça prend de la place mais ça occupe aussi l'espace sonore. Ils y emmènent les spectateurs dans un périple "de Bray-Dunes à Menton". Comment visiter les côtes de France du fond de son fauteuil.
Rodrigue clôturera les débats d'une façon échevelée avec un univers digne de Tim Burton. Fantastique et rock'n'roll.
Presque Oui : La magie de la solitude
Lulu : De la Côte d'Opale à la Côte d'Azur, la chanson voyage bien

Rodrigue : Bienvenue dans son monde fantasmagorique et délirant

Nord/Pas-de-Calais en Scène : Epilogue I

Nord/Pas-de-Calais en Scène se veut le reflet de la diversité culturelle (tant des lieux que des compagnies ou des artistes) de la région. Pour cette dernière journée, en matière de diversité, on a été servi. A la MAC de Sallaumines, après "Lili Petit Pois", une chronique douce-amère sous forme de spectacle de cirque, place à Valérie Dablemont pour "le Ventre de la baleine". Présenté sous forme d'un "work in progress" (travail en cours ou attention chantier), ce texte fascinant et terrible évoque sans fard l'univers des femmes battues dans une mise en scène on ne peut plus dépouillée.
La pause du midi permet de s'aérer les neurones avant d'attaquer la carte blanche au collectif jeune public, une présentation vivante et nerveuse d'un panel de spectacles en cours de création ou déjà aboutis destinés à nos chères têtes blondes. C'est frais, amusant, bouleversant mais toujours créatif.
Retour à l'Escapade pour une représentation des "aventures extraordinaires du Baron de Münchhausen". A force de faire tourner ce spectacle sur les routes de France et de Navarre, la compagnie Joker a réussi à donner une dimension épique à un récit déjà riche en rebondissements. On peut le revoir sans jamais se lasser.

"Le ventre de la baleine", un huis clos haletant, dérangeant qui suscite la réflexion.
Drôle d'endroit pour un repas
La carte blanche au collectif jeune public ne présentait pas que du théâtre
Où est Münchhausen ? Le voilà!

10 novembre 2007

Nord/Pas-de-Calais en Scène : Acte II

Retour en photos sur la seconde journée d’un festival riche en images fortes et en belles surprises.
Aujourd’hui, c’est le grand final. Début des festivités à 10h30 à la MAC de Sallaumines avec “Lili petit pois” de la compagnie la Torgnole, un spectacle de cirque qui donne à réfléchir.
A 11h30, toujours à la MAC, Valérie Dablemont vous invite à une lecture/spectacle du “Ventre de la baleine” dans le cadre d’un work in progress qui évolue au fil du temps (c’est gratuit).
Une pause, avant de reprendre, à 13h30, avec les marionnettes tendres et déjantées de Jojo Golendrini. C’est encore à la MAC et c’est encore gratuit.
A 14h, toujours à la MAC, place à la Carte blanche au collectif jeune public, “un patchwork ludique et spectaculaire”. Et c’est toujours gratuit.
Juste le temps d’aller faire quelques courses et à 18h rendez-vous à l’Escapade pour “les aventures extraordinaires du Baron de Münchhausen”, un grand classique délirant et hilarant revu par la compagnie Joker.
La clôture du festival sera musicale, à partir de 21h à l’Arc-en-Ciel de Liévin, avec une belle affiche régionale composée de Presque Oui, Lulu et Rodrigue. Trois visions et trois partitions du grand melting pot qu’on nomme la chanson française.
*Tarifs : 5 € (plein) et 3 € (réduit - scolaires et groupes de plus de 10 personnes) par spectacle

Jojo Golendrini : Quelques bouts de ficelle et la magie s’installe
L’enfant de la jungle : La compagnie de l’Oiseau Mouche emmène le public dans l’univers de Rudyard Kipling. Et joue au milieu des spectateurs.
Usmar : Des textes un tantinet désabusés sur des rythmes électro-pop. Suite de ses aventures, le 15 décembre à l’Escapade en première partie d’Ours. Réservez vos places!
Bashir Lazhar : Saverio Maligno et Samuel Dewasmes font évoluer le texte d’Evelyne de la Chenelière mis en scène par David Gauchard. Sur un plateau toujours aussi dépouillé, la destinée tragique de Bashir Lazhar est toujours plus poignante et révoltante.
Saïd El Féliz : D’une histoire terriblement banale de nos jours, (le parcours du combattant d’un jeune marocain sur le chemin tourmenté de l’immigration) la 56e Compagnie tire un formidable et virevoltant numéro en solo qui laisse pantois, hilare et ému. Une véritable perle qui mérite une audience bien plus large.

09 novembre 2007

Nord/Pas-de-Calais en Scène : Acte I

La première journée de la dixième édition du festival Nord/Pas-de-Calais en Scène a été placée sous le sceau du dépaysement. Des aventures terribles et drôles de Chéri-Bibi (formidablement interprétées par les Ben’arts) à celles plus tendres, mises en scène par le Rollmops Théâtre, de “Johan Padan à la découverte des Amériques”, les troupes invitées ont emmené les spectateurs sur les rivages d’une terre où le droit à la différence et la tolérance font partie de l’air qu’on y respire. Deux éléments aussi présents dans “Saleté” une chorégraphie de Farid’O sur un texte implacable de Robert Schneider narrant la vie et les pensées de Sad, immigré irakien clandestin qui survit en Allemagne en vendant des roses à la sauvette. Un constat sans concession sur “l’autre” qui résonne encore et toujours avec l’actualité.
Le programme du jour
Après l’excellent “Oeil du loup” du fraîchement nominé au Renaudot, Daniel Pennac (à partir de 10h à la MAC de Sallaumines), c’est la compagnie Teatro Golondrino qui viendra nous narrer les destins de Milo et de Jojo Golendrini au moyen de marionnettes qui auraient fait un stage à Toonville (à 11h, toujours à la MAC de Sallaumines et c’est gratuit).
Pour le début d’après-midi, cap sur la salle des fêtes d’Hénin-Beaumont pour une inter-prétation libre et libérée de “l’Enfant de la jungle” de Rudyard Kipling par la compagnie de l’Oiseau Mouche. Ou comment voir un grand classique d’un autre oeil.
A 17h, l’Escapade vibrera des accords électro-pop pour un showcase d’Usmar qui peaufine sa première partie d’Ours, un concert qui aura lieu à l’Escapade, le samedi 15 décembre à partir de 20h30.
A 18h, c’est l’Arc-en-Ciel de Liévin qui accueillera le formidable “Bashir Lazhar”, un texte plein d’humanité sur l’immigration et l’intégration d’Evelyne de la Chenelière mis en scène par David Gauchard et porté sur scène par Saverio Maligno et Samuel Dewasmes.
Pour finir la journée, retour à l’Escapade avec, à partir de 21h, Saïd El Féliz de la 56e compagnie, un autre regard sur le même sujet.
* Tarifs : 5 €(plein), 3 € (réduit pour scolaires et groupes de plus de 10 personnes) par spectacle.
Pass pour la durée du festival : 15 € (plein), 9 € (réduit pour scolaires et groupes de plus de 10 personnes)

Chéri Bibi, quand le coeur triomphe de l'injustice
Le théâtre et la république font bon ménage
"Saleté", la force du corps en mouvement pour dire le non-dit

02 novembre 2007

Nord/Pas-de-Calais en Scène : Le triathlon culturel

Jeune public, danse, théâtre, musique; le tout dans trois lieux différents et sur trois jours. Il va falloir ne pas lésiner sur les vitamines pour tenir sur la durée de ce marathon pas comme les autres qui vous emmènera de l'Escapade d'Hénin-Beaumont à l'Arc-en-Ciel de Liévin en passant par la MAC de Sallaumines. Ces trois centres culturels accueillent la dixième édition de "Nord/Pas-de-Calais en Scène", un festival qui se veut un concentré (subjectif, forcément subjectif comme dirait Marguerite D.) des créations régionales que l'on retrouvent dans les salles de capacité moyenne. Il y en aura pour tous les âges, tous les goûts mais surtout pour toutes les bourses avec des tarifs très étudiés (5 € par spectacle, pass à 15 € pour l'ensemble du festival).
Le programme du jour
Les trois coups vont être donné à 15h30 à la MAC de Sallaumines par les Ben'arts qui nous narreront les "effroyables aventures de Chéri Bibi". Ensuite direction l'Escapade pour une découverte ou une redécouverte de "saleté", un regard chorégraphique de la compagnie Farid'O sans aménité sur la question toujours brûlante de l'immigration.
"Saleté", ou quand le corps devient un langage pour parler de l'actualité.
"Les aventures extraordinaires du Baron de Münchhausen", c'est pour les petits mais aussi pour les grands.