09 novembre 2006

C'est l'histoire d'un mec...


"Bonjour. Je m'appelle Bashir Lazhar et je remplace madame Martine Lachance". Ces quelques mots ouvrent "Bashir Lazar", une oeuvre propice à la réflexion tous azimuts sur notre société. Rencontre avec les deux protagonistes qui donnent vie au texte sur scène, Saverio Maligno et Samuel Dewasmes.
L'élégance sobre de leurs costumes sombres leur permet de mieux se fondre dans le décor dépouillé de la scène mais aussi de ne plus être que des silhouettes dans la lumière crue et dure des spots. Des ombres impersonnelles qui soulignent l'anonymat des personnages. Car Bashir Lazhar, le héros malgré lui du texte d'Evelyne de la Chenelière (Editions théâtrales), n'est qu'un professeur remplaçant qui débarque un beau matin dans une classe touchée par un drame. Il n'est qu'un pion dans un système, un immigré qui a aussi vécu un drame terrible. Son envie de bien faire ne résistera pas à une machine administrative au fonctionnement aveugle et nombriliste. Si l'on sort troublé de cette oeuvre, c'est un trouble salutaire qui suscite la réflexion. "Bashir Lazhar aborde de nombreux thèmes qui agitent notre société, indique Saverio Maligno - directeur de la Compagnie et comédien. La violence, le racisme, l'intégration, la place de l'individu dans une collectivité. Il y a de quoi faire travailler les neurones du public".
Comme un miroir
Pour Saverio, l'interprétation de Bashir est presque une évidence. "En fait, c'est David Gauchard, le metteur en scène qui avait lu le texte à Limoges. Nous nous connaissions et il a immédiatement pensé à moi. Peut-être parce que je suis petit-fils d'immigrés", note-t-il dans un sourire. Sur scène, cette ressemblance avec le héros permet à l'acteur de mieux se fondre dans le rôle. Dont les sentiments les plus intimes sont mis en "images" par la guitare de Samuel Dewasmes. "J'ai travaillé le côté lyrique de mes interventions pour mieux exprimer la sensibilité de Bashir. Mais j'interviens aussi en tant que personnage secondaire. Un personnage silencieux qui représente une collègue de Bashir avec laquelle il tente vainement d'établir une relation, ne serait-ce que de camaraderie".
Cette incompréhension du monde qui l'entoure est aussi un miroir que nous tend Bashir Lazhar. Et qui nous renvoie une image pas toujours reluisante. "C'est un regard acéré sur notre société", souligne Saverio Maligno qui a tenu à présenter cette oeuvre au public scolaire. "Nous ne les avons pas invité à venir voir la pièce de but en blanc. Pour l'instant, nous allons dans les classes des collèges et lycées pour leur présenter la pièce mais plus généralement pour discuter des thèmes qui sont au coeur de Bashir Lazhar. C'est surprenant, indique Saverio, mais les gamins sont très réceptifs. La société les infantilise, nous, nous sommes des électrons libres. Nous leur proposons une autre vision du monde". Ce message iconoclaste est soutenu par les établissements qui ont la volonté de faire découvrir l'univers du théâtre à leurs élèves. Un esprit d'ouverture qui est à l'opposé de celui de la hiérarchie de Bashir Lazhar; lorsque ce dernier demande, naïvement, au début de la pièce : "Mais pourquoi est-ce que j'ai besoin de courage?". Si vous voulez connaitre la réponse, venez à l'Escapade.
*Bashir Lazhar, mardi 14 et jeudi 16 novembre à 19h et samedi 18 novembre à 20h30. Tarifs : 8€ (plein) - 5€ (réduit)
Retrouvez la Compagnie sur le web : www.lacompagnie.info

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