Hier soir à la maison de quartier Darcy, la lecture-spectacle sur le Front populaire et les évènements de 1936 a fait le plein. Les chansons de l'époque n'ont pas empêché le débat et la sensation que "l'histoire est un éternel recommencement".
Crise, chômage, guerre. Une litanie trop connue dans les journaux télévisés. Mais, hier soir à la maison de quartier Darcy, il n'était nullement question d'actualité. Florence Bissiaux et Jean-Maximilien Sobocinski de la compagnie "Sens ascensionnels" venaient de débuter leur lecture-spectacle par un rappel de la situation politique, sociale et économique de 1934 à 1936. Des comités de chômeurs aux Croix de Feu, du 6 février 1934 (émeute menée par l'extrême-droite qui fit 16 morts et près de 2000 blessés) au 7 juin 1936 (accords de Matignon); c'est tout un pan de l'histoire contemporaine qui reprend vie par la force du texte. "C'était comme une féérie", "Quel bonheur c'était"; les témoignages heureux des travailleurs en feraient presque oublier l'âpreté des quelque 12000 grèves qui paralyseront le pays pendant près d'un mois. Mais la lutte ne sera pas vaine : "Pour moi", dit un ouvrier de l'industrie aéronautique, "1936 aura été une année heureuse. J'ai été embauché à 4,40F de l'heure. Avec la grève, je suis passé à 7,20F de l'heure. On pouvait manger du gigot tous les jours! Et l'usine n'a pas fait faillite".
Mais surtout "36", ce sont les congés payés. Une mesure qui n'était pas prévue dans le programme du Front populaire. La rue en décidera autrement et Léon Blum l'instaurera. 70 ans plus tard, on reprend conscience à travers les témoignages du bouleversement des moeurs que cela a représenté. "On découvrait le confort de s'ennuyer un peu", se souvient une ouvrière tandis qu'une autre voulait "aller jusqu'à Vladivostok ou à Vierzon".
Cette évocation vivante de la vie de nos grand-parents s'est achevée en chansons de l'époque (Quand on se promène au bord de l'eau, c'est un mauvais garçon, le chapeau de Zozo) interprétées par Michel Godefroid et l'école de musique. Rien de tel pour se mettre en jambes pour un débat mené le directeur de l'Escapade, David Verkempink et qui sera surtout l'occasion pour les plus âgés des participants de rappeler que la vie n'était pas toujours rose dans les corons mais que la solidarité n'était pas un vain mot. En est-il de même en 2006? La question posée par David Verkempink recueillera un silence poli. Mais peut-être qu'en 1936, le rêve faisait partie de la vie des travailleurs. Le slogan du Front populaire : "Pour le pain, la paix, la liberté", ça vous donne pas envie de rêver à des lendemains qui chantent?
*Une nouvelle lecture-spectacle aura lieu demain à 20h à la maison de quartier Kennedy - allée Kennedy, rue de Conchali. Tarifs : 2 € (plein), 1 € (réduit).
22 novembre 2006
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