05 février 2007

"La cagnotte", une pièce en or

On aime sortir des sentiers battus à l'Escapade. Si la création théâtrale est bien représentée avec la Compagnie ou BVZK, les grands classiques ne sont pas remisés aux oubliettes. Samedi soir, le Théâtre régional des Pays de Loire donnera une représentation unique (au Nord de Paris) de "la Cagnotte" d'Eugène Labiche. Rencontre avec Patrick Pelloquet, directeur de la compagnie (pour le devoir) et comédien (pour le plaisir).

Le regard est clair, malicieux, passionné. A deux heures de son entrée en scène dans le superbe théâtre à l'italienne de Fontainebleau, Patrick Pelloquet prend le temps d'évoquer cette belle aventure qu'est "la Cagnotte". La salle de maquillage (une petite loge encombrée de postiches et de produits de beauté) fait office de "'confessionnal" improvisé, cette pièce étant le plus souvent l'endroit où les comédiens se glissent littéralement dans leurs rôles avant de monter sur les planches. "La Cagnotte est typiquement ce que l'on appelle - en partie à tort, d'ailleurs - du vaudeville. En l'espèce, il est plus juste de parler de comédie cortège où un groupe de personnages se trouvent embarqués dans une suite d'aventures grotesques sur un rythme qui leur fait perdre leurs repères et les place malicieusement dans des situations saugrenues où tout devient possible", indique Patrick Pelloquet. Pour le Théâtre régional des Pays de Loire (TRPL pour les intimes) ce genre de comédie n'est pas une nouveauté : "Il s'agit de la quatrième adaptation d'un grand auteur de vaudeville, en l'occurrence Eugène Labiche. Du même, nous avions déjà joué "le chapeau de paille d'Italie". Et j'avais aussi mis en scène "Chat en poche" de Georges Feydeau et "Une petite formalité" de Georges Courteline. Mais à la différence des précédentes pièces, "La Cagnotte" est une grosse machine". La comparaison n'est nullement exagérée, car ce ne sont pas moins de quinze personnes qui sont sur scène durant les cinq actes d'une comédie échevelée.

Le vaudeville, cet inconnu
Et il faut bien cela pour narrer les déboires de quatre bourgeois débarquant, de leur province profonde, dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Ce quatuor qui vient dans la capitale dépenser la cagnotte amassée au cours de longues soirées se trouvera pris dans des aventures dramatiques pour les intéressés mais drolatiques pour les spectateurs. "A cette époque, la bourgeoisie était la cible des auteurs de vaudeville et des caricaturistes, il suffit de voir le travail de Daumier", souligne Patrick Pelloquet. "Mais Feydeau, Courteline ou Labiche avaient chacun leur façon de décrire les travers de cette classe sociale qui dominait son époque. Chez Feydeau, le réalisme primait à un point tel que pour certaines de ses oeuvres, il a amené ses propres meubles pour servir de décor mais la psychologie des personnages était la clé de voute de son oeuvre. Courteline a, quant à lui, fustigé la pesanteur bureaucratique en s'attachant à décrire l'univers social de son époque. Enfin, Labiche s'est attaché à démontrer le ridicule de cette classe sociale par les traits caractéristiques des individus qui la composent. Et c'était un milieu qu'il connaissait bien... pour en faire partie".
Le trait est donc juste, acéré mais il n'est pas forcément aisé de mettre en scène une écriture aussi prolixe. "La grande difficulté provient du changement de décor à chaque acte. Pour, en quelque sorte, contourner le problème, j'ai choisi d'opter pour un changement à vue. Mais l'élément principal du décor m'est d'un grand secours", indique Patrick Pelloquet.
Mais encore... rendez-vous vendredi pour la suite de cet entretien.

* La cagnotte, d'Eugène Labiche, par le Théâtre régional des Pays de Loire. Samedi 10 à 20h30 - représentation unique au Nord de Paris. Tarifs : 25 € (plein) et 20 € (réduit)

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