Patrick Pelloquet est (au choix) bavard, prolixe, loquace mais avant tout passionné. Le directeur du Théâtre des Pays de Loire est aussi membre de la troupe qui se produira ce soir pour la représentation unique (au nord de Paris) de "la Cagnotte" d'Eugène Labiche.
"La Cagnotte" vue par le Théâtre régional des Pays de Loire, c'est une grosse machine. "Nous sommes quinze sur scène et sept techniciens nous accompagnent en tournée", explique Patrick Pelloquet. "C'est une des raisons qui fait que je suis toujours surpris par la durée de cette aventure". En effet, initialement la pièce était prévue pour être jouée durant quatre mois. "A Hénin, nous en serons à la 93e représentation. Cela fait maintenant quatre ans que nous jouons cette pièce en alternance avec d'autres oeuvres". La lassitude pourrait-elle gagner la troupe après une telle longévité? Patrick Pelloquet ne le pense pas : "Tout ça reste très vivant. D'autant que les réactions du public sont très variables. Nous savons, par exemple, qu'il y a le rendez-vous du troisième acte. Dans son texte, Eugène Labiche ménage la progression dans la catastrophe. Le troisième acte est le point où la mécanique se met en marche pour tourner ensuite à plein régime. Et ça devient irrésistible".
Tout serait pour le mieux dans le meilleur du monde, si ce n'est que la pièce ne franchira pas un cap : "La dernière représentation sera la 97e, nous n'irons pas jusqu'à la 100e", note dans un sourire Patrick Pelloquet. "Nous avons d'autres projets sur le feu, d'autres oeuvres qui sont déjà en route, il faut toujours aller de l'avant".
"Le rire est le propre de l'homme"
Pendant quatre ans, le comique de Labiche aura souvent été à l'ordre du jour du Théâtre régional des Pays de Loire. "Notre théâtre aime explorer les différentes facettes du rire", explique le directeur. "Sur le fond, le rire peut être une arme acide, cruelle, qui n'épargne pas ceux qui en sont la cible. Sur la forme, le comique nécessite - tant de la part de l'auteur que des comédiens - une grande sincérité mais aussi, plus curieusement, un sens du rythme très prononcé. Et puis, j'aime bien dans ce genre de pièce quand les spectateurs disent : qu'est ce qu'ils sont cons. Labiche réussit parfaitement à mettre en exergue la bêtise de ses personnages, leur aveuglement. Pour l'époque, c'était audacieux".
Cette marque de fabrique du TRPL est aussi un atout incontestable pour la mise en place de projets. "Malgré la taille technique et humaine de "la Cagnotte", nous n'avons pas eu de problème à monter la pièce", se souvient Patrick Pelloquet. "Depuis des années, nous avons tissé des relations de confiance avec les institutions qui font office de co-producteurs mais aussi avec les diffuseurs (NDLR : les salles de spectacle). Quand j'ai donc proposé "la Cagnotte", tout le monde m'a dit banco. D'autant que Labiche bénéficie d'un véritable crédit d'auteur à succès".
Mais surtout, le regard acéré de Labiche sur la bourgeoisie n'a pas pris une ride. Servi par une troupe rôdée et une mise en scène finement audacieuse, ce texte défoule les maxillaires et démontre, une fois de plus, que la culture peut être populaire et de qualité. C'est aussi la marque de fabrique de l'Escapade, isn't it?
* La cagnotte, d'Eugène Labiche, par le Théâtre régional des Pays de Loire. Ce soir à 20h30 - représentation unique au Nord de Paris. Tarifs : 25 € (plein) et 20 € (réduit)
10 février 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire