05 décembre 2006

BVZK : Ouvrir l'imaginaire

On pourrait penser que la compagnie BVZK a le goût du risque en mettant en scène un texte d'Eugène Ionesco (sur les planches de l'Escapade les 12, 14 et 15 décembre). S'attaquer à un "classsique" n'est pas chose facile, mais BVZK propose "la leçon" dans un format qui met la pièce à la portée de tous. Rencontre avec Nora Granovksy, metteur en scène, qui clame sa passion pour Ionesco et entend la faire partager avec le plus grand nombre.

Sous la mèche brune, l'oeil est volontiers rieur et le sourire enjôleur. Mais il est peut être aussi carnassier. Nora Granovsky est charmante mais volontaire. Une qualité indispensable quand on fait du théâtre et qu'on entend porter la bonne parole dans les communes de l'agglomération. "C'est un peu le credo de BVZK, nous voulons avoir un vrai travail de l'approche du public", explique Nora. Et tout commence avec les quatre initiales formant le nom de la compagnie : "BVZK signifie Bazar Volant Zeppelin Katégorisé", dit-elle avec un sourire un brin ironique avant de reprendre plus sérieusement : "En fait, ce nom résume ce que l'on fait. Il est impossible de le résumer d'un mot, mais il est possible de le faire avec une image. Nous voulons ouvrir l'imaginaire des spectateurs".
Portée sur les fonts baptismaux en 1999, BVZK fait ses premières armes avec la Comédie de Béthune avant de devenir compagnie en résidence à partir de mars 2005 et monte "Mais qu'est-ce qu'on a fait du violoncelle?" de Matéi Visniec. "Parallèlement, nous avons mis en place des ateliers d'écriture dans les villes de l'agglomération d'Hénin-Carvin", souligne Nora Granovsky. "Puis nous avons monté avec la Communauté d'agglomération le projet "Vivre les livres" qui consiste à créer des lecture-spectacles sur un ou des auteurs en rapport avec la création théâtrale que nous jouons". Cette opération s'est soldée, de septembre à juin, par 21 lectures rassemblant plus de 25 personnes à chaque représentation. "Ça a bien fonctionné", reconnaît Nora, "On a réussi a amener des gens à la lecture puis au théâtre. C'était quand même le but du jeu".

Classique/contemporain? Connais pas...
Le succès de "Vivre les livres" a amené les partenaires à reconduire l'opération. Cette année, c'est donc Ionesco qui est à l'affiche avec "la Cantatrice chauve" pour les lecture-spectacles et "la Leçon" pour la création.
"Ça, ça nous plaît. L'écriture d'Ionesco est drôle, absurde. Classique? Peut-être, même si pour moi, ça ne veut rien dire", indique Nora Granovsky. "Faire des catégories, mettre dans des cases, je n'aime pas trop ça. Classique ou contemporain, ça ne veut rien dire du tout. Il faut avoir différents niveaux de lecture dans un texte. Ce que l'on retrouve chez Ionesco, j'appelle ça la courbe dramaturgique ascendante", lâche-t-elle dans un rire. "Plus sérieusement, je veux dire par là qu'il y a une vraie dynamique, un rythme très marqué chez Ionesco".
A partir du 12 décembre, on pourra se faire une idée de la force et de la drôlerie de "la Leçon". Pour pouvoir jouer partout, BVZK a adapté la scénographie. "Nous avons opté pour ce que l'on appelle "la petite forme", c'est-à-dire adaptable à tous les lieux de l'agglomération. Nous ne voulions pas être contraint par le lieu", explique Nora Granovsky. Petite forme ne signifie pas pour autant travail à l'économie. En effet, la mise en scène intègre la musique et la vidéo et tous les costumes des trois comédiens ont nécessité recherche et confection. "C'est une équipe de dix personnes qui est sur cette création". Au final, BVZK veut communiquer un vrai plaisir du jeu théâtral d'Ionesco, un jeu plein d'énergie, drôle, communicatif. "On a tous un souvenir poussiéreux de "la Leçon". Eh bien non, Ionesco n'est pas poussiéreux", défend Nora Granovsky."Le texte est époustouflant, il parle à toutes les générations, les adultes connaissent les deux rôles. Le rapport professeur/élève, nous l'avons tous vécu. C'est d'une justesse incroyable". Après un moment de réflexion, Nora ajoute : "On a tous étudié Ionesco. en le relisant, je me suis dit : "C'est pas possible, je suis passée à côté de tout ça". C'est un génie, comme Molière". La force d'un texte est là, de pouvoir s'affranchir du temps et des étiquettes. C'est ça la marque des grands.
*La leçon, une co-production l'Escapade et BVZK. En partenariat avec France Bleu Nord, le Conseil régional Nord/Pas-de-Calais et le Conseil général du Pas-de-Calais. Les 12 (à 15h et 20h30), 14 (15h) et 15 décembre (à 15h et 20h30). Tarifs : 8 € (plein) et 5 € (réduit).

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bravo Nora ! Un bruit court à Paris que ton spectacle est TOP. Tu dis que tu n'en reviens pas d'être passé à côté de temps de belles choses auprès des textes de IONESCO. Tu vois, tout se ratrappe et tant mieux. Bisous